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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 22:32

 

La Gendarmerie célèbre sainte Geneviève le 26 novembre en souvenir "du miracle des ardents". Le pape Jean XXIII, par un rescrit en date du 18 mai 1962 désigne solennellement sainte Geneviève comme patronne de la Gendarmerie.

 

"…Ceux à qui est confiée la garde de la sécurité publique  n'ont pas moins besoin d'un tel patronage; il leur revient de défendre les lois de leur pays, de veiller au bien de la société humaine, à réprimer l'audace des malfaiteurs. En France, les gardiens de l'ordre public ont coutume de se tourner vers la Vierge Sainte Geneviève, lumière de leur patrie, qui se montra autrefois, ainsi que le souvenir s'en est conservé, le soutien du peuple dans les graves périls et qui n'a cessé, dans la gloire éternelle, de répandre ses bienfaits sur ceux qui la prient."

 

"…Par la vertu de ses présentes lettres d'une manière éternelle, nous établissons la Vierge Sainte Geneviève comme patronne céleste principale auprès de Dieu des Gendarmes français, gardienne de l'ordre publique; Nous le décidons et le déclarons…"

 

"Tous les privilèges et honneurs liturgiques qui appartiennent aux patrons principaux des communautés ou des ordres découlent  de cette décision,  sans que rien ne puisse s'y opposer…."

Donné prés de st Pierre sous l'anneau du Pêcheur  le 18 mai 1962 la quatrième année de mon pontificat.

 

La fête de sainte Geneviève

 

Elle est célébrée dans  toute  la  France et en tous pays ou des Gendarmes français sont en service. La foi de sainte Geneviève, son courage,  son esprit social,  son humilité, sa disponibilité pour les autres sont bien les qualités que doivent cultiver les Gendarmes français. C'est pourquoi elle est notre sainte patronne.

En règle générale cette fête est célébrée au niveau des écoles de Gendarmerie, des compagnies, des escadrons, de la Garde Républicaine, des Groupements, des légions des Régions et de la Direction Générale de la Gendarmerie.

A une date la plus proche du 26 novembre,  il y a la célébration d'une messe suivi d'un vin d'honneur ou pot d'amitié et dans certains endroits d'un repas avec les familles, les amis et les retraités.

L’état major de la Garde Républicaine avec l'autorisation de Monsieur le curé de Saint Etienne du Mont et de porteurs de la châsse de sainte Geneviève, célèbre la messe en présence de la châsse en l'Eglise Saint-Paul-Saint-Louis.

 

PRIERE DU GENDARME CHRETIEN

" Dieu de bonté, de justice et de paix, entends la prière que j'élève vers Toi. Je suis Gendarme et je veux être Chrétien. Il me faut être fort ; aide-moi pour que jamais, je ne devienne violent. Je dois être vigilant, et mon arme est dans son fourreau. Les hommes peuvent devenir méchants, malfaiteurs, criminels. Le péché et le mal m'obligeront peut-être à user de ma force. Car c'est mon devoir 0d'assurer la paix, l'ordre et la sécurité, de sauver les vies menacées, celles des autres ou la mienne. Ouvre alors, Seigneur, les esprits et les cœurs à la compréhension de mon exigeant, ceux de ma famille, ceux de mes amis et ceux de mes adversaires. Et s'il me faut aller jusqu'au sacrifice de ma réputation, de mon bien-être, de ma vie, donne-moi ta force. Même quand je dois armer mon bras, garde mon âme dans la paix. Par la prière de Sainte Geneviève, Ô Dieu, je t'en supplie, aide mon service, ranime mon courage et fortifie ma Foi " Amen.

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 22:29

SAINTE GENEVIÈVE[1] VIERGE,

PATRONNE DE PARIS

422 ou 423-512. — Papes : Saint Célestia I«; Symmaqne. — Rois de-France : Pharamond, Childebert Ier et ses frères.

 

La piété est utile à tout….. Par leurs prières, les

personnes pieuses sont une rosée céleste, qui éloigne
les calamités de nos villes et de nos campagnes. Si
dans un jardin l’on aime à voir des choux et des
arbres fruitiers, l'on aime, sans doute, à y trouver
aussi des lys éclatants de blancheur ou de majestueux
tournesols. Il en est des plantes humaines placées
dans le jardin de Dieu comme des légumes, des
fleurs et des fruits qui croissent dans les jardins des
hommes. Ne décriez donc jamais la piété des vierges.

 

La ville de Paris, quoique la plus riche et la plus magnifique du monde, sera éternellement obligée au petit bourg de Nanterre[2], qui n'en est éloigné que de trois lieues du côté du couchant, pour lui avoir donné sa très-illustre patronne, sainte Geneviève. Cette fille admirable naquit en ce bourg vers l'an de grâce 422 ou 423[3], sous l'empire d'Honorius et de Théodose le Jeune, peu de temps après l'établissement de la monarchie française.

 

Son père s'appelait Sévère, et sa mère Géronce ; ils comptaient parmi les personnes riches et considérables de Nanterre, et vivaient dans la crainte de Dieu. Les Esprits bienheureux firent fête à sa naissance, et tout le ciel en fut dans l'allégresse, comme l'assura depuis le grand saint Germain, évêque d'Auxerre.

 

Ses premières années s'écoulèrent dans une innocence et une dévotion qui surpassait beaucoup la portée de son âge ; ce qui faisait déjà voir à quel degré de grâce et de sainteté elle était appelée.

 

Il arriva, en ce temps-là, que le même saint Germain et saint Loup, évêque de Troyes, allant en la Grande-Bretagne, nommée depuis Angleterre, pour y combattre l'hérésie de Pélage[4] qui y faisait de grands ravages, tra­versèrent Paris, et passèrent par le bourg de Nanterre. Les habitants étant venus en grand nombre et avec beaucoup de respect au-devant d'eux pour recevoir leur bénédiction, saint Germain leur fit une excellente prédication ; et, ayant remarqué dans la petite Geneviève, qui se trouva parmi la troupe, quelque chose de céleste et d'angélique, il la fit approcher, la baisa au front et lui témoigna une bienveillance toute paternelle ; il s'informa même de son nom et de celui de ses parents, et, les ayant fait venir, il leur dit : « Vous avez grand sujet de bénir le jour qui vous donna une telle fille ; les Anges se sont réjouis de sa naissance, ses vertus la rendront précieuse aux yeux de Dieu, et elle accomplira si parfaitement la résolution qu'elle a déjà prise de le servir, que les hommes les plus parfaits se la proposeront un jour pour modèle ».



[1] Le nom de Geneviève signifie bouche céleste ou fille du ciel. Chez les Celtes, gen ou geni signifiait engendrer. Bans le pays de Galles, genoeth veut encore dire jeune fille. Dans le même pays, on dit aussi genoe pour signifier la bouche. De leur côté, les bas Bretons, pour désigner la bouche, se servent du mot geno ou genou (prononcez ghenou), qui se rapproche encore plus de Genovefa, ou Genouefa, comme on écrivait autrefois. Quant à la terminaison efa, que l’on trouve dans un si grand nombre de noms Celtes comme Marcouefa, Landovefa, Genovefa, etc., auxquels répondent les noms masculins Marculfus, Landulfus, Genulfus, il nous a semblé en trouver l’explication dans l’ancien mot breton eff, qui veut dire le ciel. Ainsi Genouef voulait dire bouche céleste ou fille du ciel. Encore de nos jours, dans la basse Bretagne, pour dire bouche céleste, on écrirait gheno n’eve. (Bullet, Mémoires.)

[2] Nanterre, Nemetodurum, signifie temple sur la rivière (de Seine) : Nemet, temple, Durum, rivière.

[3] L'époque précise oïl naquit l'illustre vierge nous est inconnue. Quoique nous n'ayons pas de rensei­gnements positifs sur cette époque, nous pouvons, jusqu'à un certain point, la déterminer. Nous voyons, dans une espèce de commentaire, ou plutôt de préambule, ajouté par un auteur du IXe siècle à la Vie de sainte Geneviève, et copié presque entièrement par Aymoin, que cette grande Sainte naquit sous les empe­reurs Honorius et Théodose, D'un autre côté, nous lisons qu'elle vit (avant sa mort, qui arriva le 8 janvier) les enfants de Clovis sur le trône. On ne peut donc mettre sa naissance plus tard que l'an 423, époque de la mort d'Honorius ; ni sa mort plus tôt que le 3 janvier de l'an 512, — puisque Clovis mourut au mois de décembre de l'an 511, — ce qui fait une durée de quatre-vingt-neuf ans.

(L'abbé Saîntyves, Vie de sainte Geneviève, etc., in-8o, 1846.—Cf. Aymoin, De gestis. Francorum.)

[4] Pélage, moine anglais qui enseigna, au commencement du Ve siècle, des erreurs qui furent con­damnées par divers Conciles, entre autres par celui de Carthage. 418.

Les canons de ce Concile, approuvé par le pape Zozime, condamnent :

1° Quiconque dira qu'Adam a été créé mortel et que sa mort n'a point été la peine du péché ;

2° Ceux qui nient qu'on doive baptiser les enfants, ou qui, convenant qu'on doit les baptiser, soutiennent néanmoins qu'ils naissent sans péché originel ;

3° Ceux qui disent que la grâce qui justifie l'homme par Jésus-Christ Notre-Seigneur, n'a d'antre effet que de remettre les péchés commis, et qu'elle n'est pas donnée pour secourir l'homme, afin qu'il ne pèche plus;

4° Ceux qui disent que la grâce ne nous aide qu'en nous faisant connaître notre devoir, mais qu'elle ne nous donne pas d'aimer et de pouvoir ce que nous connaissons devoir faire ;

5° Ceux qui disent que la grâce ne nous est donnée que pour faire le bien avec plus de facilité, comme si l'on pouvait accomplir les commandements par les seules forces du libre arbitre et sans le secours de la grâce ;

6° Ceux qui disent que ce n'est que par humilité que nous sommes obligés de dire que nous sommes pécheurs ;

7° Ceux qui prétendent que les Saints, en disant, dans l'Oraison dominicale, « remettez-nous nos péchés », ne le disent pas pour eux-mêmes, parce que cette demande ne leur est plus nécessaire, mais pour les autres qui sont pécheurs dans leur société. (Voir Conciles généraux et particuliers, par Mgr P. Guérin.)

 

 

 

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 22:26

Il adressa ensuite la parole à cette excellente vierge et lui demanda si elle était dans le dessein de n'avoir point d'autre époux que Jésus-Christ. Elle répondit, d'un visage riant qui témoignait la joie de son cœur, qu'il y avait longtemps qu'elle désirait faire vœu de virginité et qu'elle aurait une extrême satisfaction s'il agréait qu'elle le fît entre ses mains et avec sa béné­diction. Sur cela, il l'embrassa encore, l'exhorta à persévérer ; et, étant allé à l'église, il y fit chanter None et Vêpres[1], durant lesquelles il tint toujours sa main droite, à la vue de tout le peuple, sur la tête de Geneviève. Après les prières, il la fit manger en sa compagnie, puis la renvoya avec ses parents, les avertissant de la ramener le lendemain. Ils le firent, et le Saint la trouva très-affermie dans son généreux dessein. Au même temps il aper­çut à terre une pièce de monnaie sur laquelle était gravée la figure de la Croix ; il la prit et la donna à cette sainte épouse de Jésus-Christ, comme un riche présent que lui faisait son Epoux, lui ordonnant de la porter tou­jours sur elle, de renoncer pour jamais aux vains ornements des femmes[2] et de ne désirer que ceux qui embellissent l'âme et la rendent agréable aux yeux de Dieu. Quelques auteurs ont écrit qu'elle n'avait alors que six ans ; mais cela est peu vraisemblable : les circonstances de cette action font assez juger qu'elle était plus âgée ; et, environ cinq ans après, lorsque saint Ger­main repassa par Paris, pour aller une seconde fois en Angleterre, des actes éclatants l'avaient déjà rendue fort célèbre et lui avaient suscité beau­coup d'envieux ; de sorte qu'elle ne pouvait alors avoir guère moins de seize ans. Ainsi, je ne fais point difficulté de lui donner dix à onze ans lorsqu'elle reçut la bénédiction de saint Germain.

 

Après le départ des saints prélats, elle s'appliqua plus que jamais à la contemplation des choses célestes, et toute sa joie était, dans les heures qu'elle pouvait ménager sur les emplois domestiques, de courir à l'église pour y jouir de la présence et de la douce conversation de son bien-aimé. Un jour (c'était un jour de fête), la mère de Geneviève se disposant à aller à l'église, l'enfant voulut l'accompagner. La mère s'y opposa ; mais l'enfant dit en pleurant : J'ai promis à l'évêque de vivre saintement ; il faut donc que j'aille souvent à l'église. La mère, irritée, la frappa rudement ; mais aussitôt elle devint aveugle. Après s'être trouvée dans cet état durant vingt et un mois, elle se rappela les paroles de l'évêque au sujet de sa fille, et elle fit venir celle-ci. — Prends cette cruche, lui dit-elle, et va la remplir d'eau à la fontaine. — La petite fille, en arrivant près de la fontaine, se mit à pleurer de ce que sa mère était aveugle à cause d'elle ; de sorte que ses larmes se mêlèrent à l'eau qu'elle puisa à la fontaine. Quand elle fut reve­nue auprès de sa mère, celle-ci leva les mains au ciel, et dit à Geneviève de faire le signe de la croix sur l'eau ; puis elle en prit et se lava trois fois les yeux, et après la troisième fois elle recouvra la vue. Ce grand miracle l'obligea, ainsi que son mari, à laisser la sainte fille dans une entière liberté pour le choix d'un état de vie. Mais le choix était déjà fait, et celle qui avait promis à saint Germain de prendre Notre-Seigneur pour époux, ne pouvait embrasser d'autre état que celui d'une vierge consacrée à Jésus-Christ. Il ne paraît point qu'il y eût dans Paris de monastère de religieuses ni de communauté de filles ; mais celles qui voulaient vivre dans la conti­nence et faire vœu de virginité, s'adressaient seulement à l'évêque, et en recevaient le voile avec les prières et les cérémonies ordinaires de l'Eglise ; après quoi, il leur était permis de se retirer chez elles. Sainte Geneviève se présenta pour cela à l'évêque de Paris, saint Marcel, ou plus probable­ment saint Félix, vers 435 ou 440, ou à l'évêque de Chartres, Villicus[3]. Deux autres filles se présentèrent avec elle pour le même objet, et elles obtinrent toutes trois la grâce qu'elles demandaient ; mais l'évêque, qui était un homme éclairé de Dieu, reconnaissant en Geneviève une vertu au-dessus du commun, la fit passer avant ses deux compagnes, quoique plus âgées et de meilleure condition qu'elle.



[1] Nonam atqne duodecimam. Quoique anciennement on fut très-ponctuel à réciter chaque partie de l'office divin à l'heure qui y répondait, cependant saint Germain et saint Loup aimèrent mieux retarder None et Vêpres, pour les pouvoir dire dans une église, que de les réciter sur le chemin a leur heure véri­table. Le mot duodecima, employé pour signifier Vêpres, montre clairement que leur vraie heure était non pas à cinq, mais a six heures du soir, c'est-à-dire a la douzième heure du jour naturel, vers les équinoxes. La même chose se prouve encore par l'ancienne hymne des Vêpres de la férié Jan ter quaternus, (Voir Bona, De divinâ psalmodiâ, etc.)

[2] Ces paroles de saint Germain prouvent évidemment, selon la plupart des auteurs, que Geneviève n'était pas une simple bergère. Ses parents étaient des plus considérables de Nanterre, et si Geneviève gardait les troupeaux, elle le faisait comme avait fait David, de race royale et roi lui-même.

[3] Les manuscrits de la Vie de sainte Geneviève portent diverses orthographes du nom du prélat consécrateur. C'était probablement Félix, qui occupait le siège de Paris vers 435 ou 440 ; et l'on tirerait Feliji de Vilicus, Ville, à cause de l'analogie de ces deux mots, surtout dans la prononciation. Il n'y a pas eu a Chartres d'évêque du nom de Vilieus, et l'épithète de Carnotensis de certains manuscrits indiquerait que Félix (Vilieus, Ville) était originaire de Chartres.

 

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 22:24

Ses parents étant morts, elle quitta Nanterre et vint demeurer à Paris, chez une femme qui était sa marraine. A peine y fut-elle, que Dieu l'affligea d'une paralysie si violente et si universelle, qu'elle ne pouvait se servir d'au­cun de ses membres, et ce mal alla même à un tel excès qu'elle fut, une fois, l'espace de trois jours, sans nul autre signe de vie que quelques palpitations de cœur et un peu de rougeur qui paraissait sur ses joues. Mais, tandis que son corps était dans cette faiblesse, elle fut ravie en esprit parmi les chœurs des Anges, où elle vit les biens ineffables qui sont préparés à ceux qui aiment Dieu, et beaucoup d'autres secrets que son historien s'est abstenu de rap­porter en détail, à cause de l'incrédulité des hommes. Dieu lui ayant rendu la santé, elle commença à briller comme un soleil, au milieu de Paris, par la sainteté de ses exemples ; elle pénétrait, grâce à une lumière surnatu­relle, dans le fond des consciences, et portait tout le monde, par des dis­cours enflammés, à l'amour de Jésus-Christ. Elle passait sa vie en des prières et en des larmes continuelles, et elle en versait une telle abondance, que le plancher de sa chambre en était tout trempé. Son abstinence était prodi­gieuse, et à peine pourrait-on y croire, si l'on n'en voyait un excellent mo­dèle dans la vie de son maître et directeur, saint Germain d'Auxerre. Car on dit qu'elle ne mangeait que deux fois la semaine, à savoir le dimanche et le jeudi ; ces jours-là, tous ses mets consistaient en un morceau de pain d'orge et quelques fèves cuites à l'eau depuis longtemps ; elle observa inviolablement cette abstinence depuis l'âge de quinze ans jusqu'à celui de cinquante ; à cette époque, pour obéir aux prêtres du Seigneur qui gouver­naient sa conscience, et pour soutenir son corps abattu par un jeûne si rigoureux, elle consentit à manger avec son pain d'orge un peu de lait et de poisson ; mais, pour de la viande et du vin, elle ne put jamais se résoudre à en user. Elle avait avec cela, douze autres compagnes spirituelles, à savoir : la foi, la confiance en Dieu, la charité, la prudence, la magnanimité, la patience, la simplicité, l'humilité, le zèle de la discipline, la pureté, la concorde et la vérité, qui ne l'abandonnaient jamais, ou plutôt qu'elle-même entretenait avec grand soin et savait très-bien occuper.

 

Une sainteté si éclatante lui attira bientôt des envieux. Ne pouvant souffrir les louanges qu'on lui donnait, ni la très-haute réputation qu'elle s'acquérait, ils la décrièrent partout, et firent courir le bruit qu'elle n'était qu'une hypocrite, qui trompait le monde par une austérité apparente et une dévotion feinte et étudiée. Ce poison commençait déjà à s'insinuer dans les esprits, lorsque le grand saint Germain, dont nous avons parlé, ayant été rappelé en Angleterre, pour y combattre de nouveau l'hérésie pélagienne, qui s'y était rétablie depuis son départ, passa une seconde fois par Paris. C'était cinq ou six ans après son premier voyage. La malice de ces impos­teurs fut si grande qu'ils ne firent point de difficulté de calomnier Geneviève en présence de ce saint évêque, et qu'ils voulurent lui faire croire qu'elle n'était pas telle qu'il pensait. Mais, comme il la connaissait parfaitement, il ne tint nul compte de leurs discours ; au contraire, les menant dans la chambre de la Sainte, il la salua avec un profond respect, comme une per­sonne dans laquelle il révérait la présence de Dieu ; après quoi il fît un dis­cours au peuple : il y réfuta les fausses accusations publiées contre elle et déclara quel était son mérite devant Dieu ; ce qui fit cesser tous les bruits qui s'étaient répandus au préjudice de sa réputation.

 

Ce que nous avons dit fait assez voir qu'elle était encore fort jeune lorsque cette persécution lui fut suscitée ; mais cela n'empêcha pas qu'on ne l'élevât bientôt après à une charge que l'on considérait beaucoup en ce temps-là : c'était d'avoir comme l'intendance et la direction des autres filles qui faisaient profession de virginité ; et elle s'en acquitta si dignement que plusieurs de ces filles parvinrent, par ses bons avis, à un détachement parfait de toutes choses et à une sainteté très-éminente ; de leur nombre était, dit-on, sainte Aude, vierge parisienne dont on montrait, avant 1793, la châsse, avec celle de saint Ciran, vingt-cinquième évêque de Paris, et celle de sainte Clotilde, femme du grand Clovis, en l'église de notre sainte Geneviève. Ce­pendant, comme elle savait qu'elle ne pouvait être utile aux autres que par les lumières et les grâces qu'elle recevait d'en haut, elle ne cessait pas de passer quelquefois des journées et des semaines entières dans une étroite solitude, pour y vaquer uniquement à Dieu ; et même elle s'était fait cette loi de de­meurer tous les ans renfermée dans sa petite chambre depuis la fête des Rois jusqu'au jeudi saint, sans nul autre entretien que celui de Notre-Seigneur Jésus-Christ et des esprits bienheureux. Qui pourrait décrire les péni­tences et les mortifications qu'elle y faisait, les torrents de larmes qu'elle y répandait, les actes d'amour et de religion qu'elle y produisait, les douceurs et les consolations qu'elle y recevait, et les communications intimes avec Dieu dont elle y était favorisée ? Aussi en sortait-elle comme le fer sort d'une fournaise ardente, c'est-à-dire toute remplie, pénétrée et embrasée du feu de la divinité. Une femme eut un jour la curiosité d'épier à quoi s'occu­pait la Sainte durant une si longue retraite ; mais elle n'eut pas plus tôt approché la vue des lentes de la porte qu'elle devint aveugle, ce qui lui dura jusqu'à la fin du Carême : Geneviève, sortant de sa solitude, pria pour elle, fit le signe de la croix sur ses yeux et lui rendit la vue qu'elle avait perdue par sa légèreté.

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 22:22

Le démon, plein de rage contre cette bienheureuse vierge, à cause des insignes victoires qu'elle remportait continuellement sur l'enfer, lui suscita une nouvelle persécution où elle fut sur le point de perdre la vie. Ce fut à l'occasion d'Attila, roi des Huns, surnommé le fléau de Dieu, qui entra dans les Gaules à la tête de cinq ou six cent mille combattants. Comme ce bar­bare faisait partout des ravages épouvantables, qu'il saccageait les villes, pillait et brûlait les églises, mettait tout à feu et à sang, remplissait les cam­pagnes de meurtres, et ne laissait où il passait qu'une image horrible de la mort; Paris, qui était sur sa route, avait sujet de craindre d'être enveloppé dans ce débordement, dans cette désolation générale. Les plus riches bour­geois pensaient à se sauver avec ce qu'ils pourraient emporter de leurs biens, en d'autres villes plus fortes ou moins exposées au passage d'un si terrible ennemi. Sainte Geneviève, au contraire, animée de l'esprit de Dieu, faisait tous ses efforts pour les retenir dans Paris, leur assurant que, s'ils voulaient faire pénitence et apaiser la colère du ciel par leurs larmes, ce fléau ne tom­berait pas sur eux, et qu'ils seraient en plus grande sûreté dans leurs maisons que dans les villes où ils voulaient se retirer. Quelques femmes, persuadées par ses discours, s'assemblèrent dans l'église, où elles passaient les jours et les nuits en prière pour détourner ce fléau de Dieu. Il y eut aussi des hommes qui les imitèrent et résolurent de ne chercher leur salut que dans la protection du Tout-Puissant ; d'autant plus que l'estime qu'ils avaient de la sainteté de Geneviève faisait qu'ils se fiaient entièrement à sa parole et qu'ils ne doutaient point qu'elle ne fût capable de les délivrer par ses prières. Mais le démon en souleva d'autres contre elle, leur suggérant que ses pro­phéties n'étaient que des rêveries par lesquelles elle endormait les meilleurs citoyens et les entraînait à une ruine inévitable. Là-dessus, ils excitèrent une sédition où l'on conspirait déjà de la faire mourir ; mais Dieu, qui l'avait délivrée la première fois par les remontrances de saint Germain, la délivra, cette seconde fois, par celles de son archidiacre : celui-ci, arrivant alors à Paris et étant informé de cette conspiration, assembla le peuple et le dé­tourna d'une action si exécrable, lui remettant devant les yeux combien le même saint Germain avait estimé, de son vivant, cette pieuse vierge, et leur montra les eulogies qu'il avait ordonné, à sa mort, de lui apporter[1]. Sur ce témoignage, non-seulement le tumulte cessa, mais ceux qui étaient le plus résolus de sortir de Paris y demeurèrent, et ils virent bientôt l'effet des prières et l'accomplissement de la prophétie de Geneviève ; car Attila passa de la Champagne à Orléans, et d'Orléans en Champagne, sans approcher de Paris, et il fut enfin chassé de toutes les Gaules par une signalée victoire que les Romains, les Francs et les Visigoths, unis ensemble, remportèrent sur lui, auprès de Chalons-sur-Marne ; ce qui arriva l'an 451. Ainsi la réputation de la Sainte s'accrut merveilleusement, et l'on ne la regarda plus que comme le salut de la patrie et comme un miracle de sagesse et de sainteté.

Cinq ou six ans après, Mérovée, troisième roi des Francs, vint devant Paris, où les Romains avaient encore une forte garnison ; et, après un très-long siège, que quelques historiens font de cinq ans, il s'en rendit maître. Il ne faut pas s'étonner si sainte Geneviève, qui était dedans, ne détourna point ce coup, puisqu'elle n'avait garde de s'opposer aux desseins de Dieu, qui voulait faire de cette ville la capitale du plus florissant royaume qui ait jamais été sur la terre. Mais elle eut ensuite une grande occasion de faire paraître sa charité ; car ce siège ayant ruiné tous les environs de Paris, il fut suivi d'une si grande famine, que plusieurs des habitants mouraient de faim, et que les autres étaient réduits à la dernière misère. La Sainte, étant donc touchée de compassion, s'embarqua sur la Seine, et, allant de ville en ville, fit si bien auprès des marchands, qu'elle amassa, en peu de temps, la charge de onze grands bateaux de blé. Son voyage fut accompagné de miracles. Elle chassa du fleuve de la Seine deux mauvais esprits, qui, cachés sous un grand arbre, renversaient la plupart des bateaux qui passaient auprès, et tâchèrent même de faire périr le sien. A Arcis-sur-Aube, elle rendit la santé à la femme d'un officier nommé Passivus, affligée depuis quatre ans d'une paralysie qui la rendait immobile. A Troyes, en Champagne, elle rendit la vue a des aveugles, délivra des possédés et guérit un grand nombre de ma­lades. Etant revenue à Paris, elle eut soin que le blé qu'elle avait amené fût distribué aux habitants ; mais surtout elle pourvut à la nécessité des pau­vres, faisant cuire incessamment pour eux, en sa maison, et leur donnant le pain aussitôt qu'il était cuit ; ainsi, elle délivra Paris d'une ruine qui sem­blait inévitable, et elle retira de la mort une infinité de personnes qui en portaient déjà les marques funestes sur le visage.

Le bruit de ces merveilles ne demeura pas renfermé dans cette ville, mais vola bientôt par toute la terre. Saint Siméon Stylite, qui était en Asie, voyant, au pied de sa colonne, des marchands de Paris qu'une sainte curiosité y avait amenés, les supplia de saluer de sa part, à leur retour en France, leur sainte compatriote, et de le recommander à ses prières. C'était Dieu, sans doute, qui lui en avait donné la connaissance par une révélation particulière. Elle était respectée des personnes les plus élevées en dignité, et même des rois de France sous qui elle vivait. Le roi Mérovée, dans le peu de temps qu'il survécut à la reddition de Paris, lui porta toujours beaucoup d'honneur ; et, selon l'idée que lui donna le paganisme, la regarda comme une demi-déesse. Son fils, Childéric, n'avait pas pour elle une moindre estime ; quoiqu'il fût idolâtre, comme ses prédécesseurs, il ne lui refusait jamais, néanmoins, ce qu'elle lui demandait. Un jour, voulant absolument que quelques criminels fussent exécutés, et, craignant que Geneviève ne vînt demander leur grâce, il fit fermer les portes de la ville, où elle était, tandis que l'exécution se ferait dehors, croyant, par ce moyen, lui en empêcher la sortie. Mais la Sainte, ayant ouvert les portes par ses prières, eut tant de force sur son esprit, qu'elle l'obligea, contre sa résolution, de pardonner à ces malheu­reux. Le grand Clovis, notre premier roi chrétien, eut encore plus d'affec­tion et de vénération pour elle ; à sa requête, il délivrait les prisonniers, donnait de grandes aumônes au clergé et aux pauvres, et faisait bâtir de belles églises, telle que fut celle de Saint-Pierre et de Saint-Paul-sur-le-Mont, au-dessus de Paris, nommée depuis Sainte-Geneviève, pour avoir été le lieu de sa sépulture et le théâtre glorieux de ses miracles. De plus, il lui fit don de deux riches fermes qu'elle affecta à la cathédrale de Reims, où ce grand monarque avait été baptisé et avait fait profession du christianisme ; saint Remy n'a pas omis ce fait dans son testament, où il parle aussi avec beaucoup d'honneur de cette illustre bienfaitrice. Enfin, la reine sainte Clotilde, femme de Clovis, se considérait comme extrêmement favorisée lorsque sainte Gene­viève lui rendait visite ; elle la faisait asseoir auprès d'elle, dans son cabinet, et prenait plaisir à l'entretenir familièrement des moyens de plaire à Dieu et d'assurer son salut éternel.

Pendant l'éloignement de Childéric hors du royaume, la Sainte eut la dévotion de faire bâtir une église sur les tombeaux des saints Denis, Rustique et Eleuthère, apôtres de la France et martyrs, au village de Cathœuil[2], à deux lieues de Paris, du côté du septentrion. C'est à présent la ville de Saint-Denis. Elle n'avait nul moyen pour exécuter cette entreprise, et les prêtres à qui elle en parla y trouvèrent beaucoup de difficultés, parce qu'ils ne savaient où l'on trouverait en cet endroit, qui était tout environné de bois, les matériaux nécessaires pour l'édifice ; mais elle leur dit, d'un esprit prophétique, que s'ils voulaient prendre la peine de passer sur le pont, cette difficulté leur serait levée. En effet, s'y étant transportés, ils entendirent deux paysans qui disaient qu'ils venaient de découvrir, dans la forêt voisine, deux fours à chaux d'une grandeur extraordinaire, où la chaux était toute prête à être employée. Cette rencontre leur fit connaître que le dessein de Geneviève venait de Dieu. Ils l'informèrent aussitôt de ce qu'ils avaient appris, et lui offrirent de l'assister de tout leur crédit et de tout leur pouvoir pour l'accomplissement d'une si bonne œuvre. Les Parisiens et les habitants de ce  lieu ne manquèrent pas non plus d'y contribuer de leurs aumônes. Ainsi cette église fut bâtie en peu de temps, et c'est celle où, plus de cent cin­quante ans après, Dagobert, fils du roi Clotaire II, et depuis son successeur, se sauva pour éviter la colère de son père irrité contre lui, et où, peu de temps auparavant, ses chiens de chasse n'avaient osé entrer pour poursuivre un cerf qui s'y était réfugié. Elle demeura toujours fort célèbre sous le nom de Saint-Denis de l'Estrée, jusqu'à ce que le même Dagobert, étant monté sur le trône, fit bâtir près de là l'abbaye royale de Saint-Denis, où il fit transporter les corps de nos saints martyrs, que l'on trouva dans cette église, et où lui et presque tous ses successeurs ont depuis choisi leur sépulture.



[1] C'étaient des présents de choses bénites que l'on s'envoyait en signe d'union et d'amitié. Saint Germain était en Italie lorsqu'il chargea son archidiacre de porter des eulogies à sainte Geneviève. Mais celui-ci ne vint a Paris que deux ans après : car saint Germain mourut à Ravenne en 448 ; et Attila, qui commença a menacer l'empire en 450, n'entra dans les Gaules qu'en 451. On ignore ce qui put retarder si longtemps l'archidiacre.

 

[2] Les savants sont fort en peine pour savoir quel était ce village de Cataœuil (Catholacensem vicum), où sainte Geneviève se rendait souvent, et en quel lieu se trouvait l'église bâtie par cette illustre vierge en l'honneur de saint Denis et sur le tombeau même du saint martyr.

Tillemont place Cathœuil près de Paris, et croit trouver des traces de ce nom dans celui de Challlot. Mém. eccl., t. IV, p. 712 et 715. Dom Toussaint Su Plessis le met plus près encore de Paris, et pour cela, il bâtit, sur la rive droite de la Seine, près de Saint-Germain l'Auxerrois, une église de Saint-Denis... qui n'a jamais existé. (iVouc. ann. de Paris, p. 21 et suiv., 39, 88, 252, 307, etc.

Godescard regarde comme plus probable que Cathœuil était situé à Montmartre, ou furent décapité saint Denis et ses compagnons. (Vies des Pères, etc., t. 1er, au 3 janvier.)

Le Beuf le met au même lieu où est maintenant la ville de Saint-Denis, et prétend que l'église dont il est question fut construite à l'endroit même où se trouve l'église abbatiale. (Diss. sur l'Hist, eccl. Et civ. de Paris, t. 1er, p. 8.)

D'autres, enfin, pensent avec Bollandus (Acta Sanct., t. Ier, au 8 janvier, Vita Sunctœ Genovefoe), que l'église dont il s'agit fut bâtie au lieu ou était l'ancien prieuré de Saint-Denis de l'Estrée (Sancti Dio-nysii de Strata).

 

 

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 22:20

CULTE ET RELIQUES.

 

Son corps fut inhumé dans le caveau, ou chapelle souterraine, que le grand saint Denis avait autrefois consacré en l'honneur des bienheureux apôtres saint Pierre et saint Paul, et sur lequel Clovis avait déjà commencé, à son instance, un superbe édifice, achevé depuis par sainte Clotilde. Sainte Geneviève avait légué en mourant, à la basilique des saints apôtres Pierre et Paul, bâtie par Clovis, les propriétés que ses parents possédaient à Nanterre, et, dès ce moment, sa maison appartint aux prêtres de cette église, dans laquelle sainte Geneviève, qui en avait donné l'idée, voulut être enterrée. C'était un lieu qu'elle avait souvent arrosé de ses larmes et d'où son esprit avait été plusieurs fois enlevé dans les cieux, pour y entendre ces secrets dont il n'est pas permis aux hommes de parler. Il s'y fit aussitôt une infinité de miracles. On y alluma une lampe dont l'huile ne se consumait point, quoiqu'elle brûlât toujours et qu'on prit continuellement de cette huile pour servir à la guérison des malades. Des aveugles y reçurent la vue ; des muets, l'usage de la langue ; des possédés, leur délivrance ; des personnes tourmentées par la fièvre, une prompte et parfaite santé. Une femme, reprise de ce qu'elle travaillait le jour de la Nativité de Notre-Dame, avait répondu impudemment que la Vierge était une pauvre femme comme elle, qui gagnait sa vie du travail de ses mains ; en punition de ce blasphème, ses doigts s'étaient si fort attachés au peigne avec lequel elle cardait la laine, qu'on ne pouvait les en séparer ; elle fut guérie en priant auprès de ce sépulcre. Cela fît que cette église ajouta bientôt à son premier titre des bienheureux Apôtres, celui de sainte Geneviève, et que dans la suite des temps on ne l'a presque plus reconnue que sous le nom de cette Sainte.

 

Dieu a fait encore, depuis, d'autres merveilles fort remarquables pour honorer son mérite. Un jour, la Seine étant étrangement débordée et ayant rempli toutes les églises et les maisons jusqu'à la hauteur des premiers étages, on trouva le lit sur lequel elle avait rendu son bienheureux esprit, et que l'on conservait dans un monastère de filles, tout environné d'eau comme d'un mur, sans qu'il en pût être inondé, ni même mouillé. Puis le débordement cessa, et la rivière rentra soudainement dans son premier état.

 

Du temps de Louis VI, dit le Gros, il s'éleva dans Paris une cruelle maladie que les médecins nomment feu sacré. On croit que ce feu sacré était un érysipèle gangreneux et épidémique. Plusieurs personnes en mouraient sans qu'on y pût apporter de remède. Cela obligea le clergé et le peuple d'avoir recours à sainte Geneviève, dans l'espérance que, par les mérites de sa pureté incomparable, elle apaiserait la colère de Dieu, justement irrité contre leurs débauches et leurs sensualités. Il fut donc arrêté, à l'instance d'Etienne Ier, pour lors évêque de ce siège, que la châsse où reposaient ses saintes dépouilles serait solennellement apportée de son église en celle de Notre-Dame ; on res­sentit aussitôt l'effet de cette dévotion, car tous ces pauvres ardents, qui n'attendaient que la mort, furent guéris à l'instant même, à l'exception de trois qui manquèrent de foi, ou que Dieu ne voulut pas guérir pour des causes qui nous sont inconnues. Une église fut alors bâtie en mémoire de ce miracle, et c'était autrefois une paroisse de la cité appelée Sainte-Geneviève des Ardents ; l'année suivante, le pape Innocent II, étant informé de tout ce qui s'était passé, ordonna que l'on en ferait tous les ans mémoire, le 26 novembre, dans le Bréviaire de Paris, et accorda de grandes indulgences à ceux qui visiteraient cette église.

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 22:18

L'an 1161, sous le règne de Louis VII, dit le Jeune, et sous l'épiscopat du célèbre Pierre Lombard, appelé le Maître des Sentences, le bruit s'étant élevé dans Paris que l'on avait furtivement-ouvert la châsse de sainte Geneviève et dérobé son précieux chef, l'on en fit une ouverture solen­nelle en présence de l'archevêque de Sens et des évêques d'Auxerre et d'Orléans, que le roi y avait envoyés exprès ; et l'on trouva heureusement que ce bruit était faux, et que le corps entier de la Sainte, avec son chef, était dans la châsse. Il avait été transporté deux fois, durant le neuvième siècle, de l'abbaye où il reposait en des lieux sûrs, dans la crainte des Normands qui ravageaient toute la France, et même assiégèrent Paris et pillèrent cette célèbre abbaye avec celle de Saint-Germain des Prés. Ces abbayes n'étaient pas encore enfermées dans la ville ; mais le corps de la Sainte y avait été rapporté, l'une et l'autre fois, avec beaucoup de solennité, tout le clergé et tous les corps de la ville étant allés au-devant pour le recevoir. Ceux qui ont écrit les histoires de ces translations racontent, comme témoins oculaires, une foule de guérisons miraculeuses qui se firent par l'intercession de la Sainte, dans tout le cours des deux voyages ; mais nous nous dispensons d'en rien dire, pour n'être pas trop long, et parce que de semblables prodiges sont encore assez ordinaires à notre Sainte.

 

Toute la France, et principalement la ville de Paris, implore son assistance en temps de guerre, de peste, de famine, de sécheresse, d'inondation et de trop grande abondance de pluie, et en toute autre sorte de nécessités et d'affaires importantes ; alors (disait le P. Giry en 1685), l'on dé­couvre seulement la châsse, ou bien on la descend de dessus les quatre grosses colonnes de jaspe et les quatre chérubins dorés dont elle est soutenue, et on la porte en procession à l'église cathédrale ; ce qui ne se fait que par ordre du roi et par arrêt du parlement, avec des cérémonies magnifiques, qui sont décrites bien au long dans les Antiquités de Pans. Il y a même une con­frérie de bourgeois des plus honorables de la ville, qui sont désignés pour porter ces précieuses reliques en cette occasion. La relation du miracle des Ardents, écrite dès l'année 1131 ou environ, assure que cette manière de porter la châsse de sainte Geneviève, dans les nécessités publiques, était inviolablement observée de temps immémorial, ce qui montre qu'elle a commencé peu d'années après le décès de cette sainte Vierge, et que c'est une dévotion de presque tous les siècles de notre monarchie. Aussi n'a-t-on jamais eu recours à ce moyen pour apaiser l'indignation de Dieu et pour mériter son secours et sa protection, sans en ressentir le pouvoir. Des guerres ont été ainsi apaisées, des pestes dissipées, la sérénité s'est changée en pluie ou la pluie en sérénité, et la terre, qui était stérile, s'est vue chargée d'une grande quantité de fruits. C'est ce que l'on a éprouvé l'an 1675, après la descente et la procession de la châsse qui s'était faite le dix-neuvième jour de juillet, avec un concours infini de peuple. Car, quoique les pluies continuelles eussent mis toute la campagne dans la dernière désolation et que les laboureurs fussent hors de toute espérance de récoltes, il se fit tout à coup un changement si merveilleux, que l'année devint une des plus abondantes que l'on eût vue depuis longtemps pour les blés et pour les menus grains ; les hérétiques eux-mêmes et les libertins furent contraints de reconnaître qu'il y avait, dans la disposition de la saison, quelque chose d'extraordinaire et de miraculeux.

 

La châsse de notre illustre patronne n'était autrefois que d'argent blanc et sans beaucoup d'ornements ; mais Robert, de la Ferté-Milon, abbé de Sainte-Geneviève, en fit faire une, l'an 1242, où il entra 193 marcs et demi d'argent et 8 marcs et demi d'or. Le cardinal de La Rochefoucauld, dernier abbé commendataire et restaurateur de la même abbaye, avec les libéralités de la reine Marie de Médicis, la fit encore redorer et enrichir d'un grand nombre de perles et de pierres précieuses qui lui donnèrent un éclat merveilleux. On ne saurait croire combien de monde s'assemble tous les vendredis, à Sainte-Geneviève, pour vénérer cette Sainte et pour implorer son secours ; combien de messes l'on y fait célébrer, tant pour demander des guérisons que pour remercier Dieu de celles que l'on a obtenues ; et combien d'ex-voto l'on attache auprès de son mausolée, en témoignage des grâces que l'on a reçues par son intercession.

 

Ce que l'on vient de lire n'est plus qu'un souvenir.

 

Un cercueil en pierre, dans lequel reposa primitivement le corps de sainte Geneviève, est à peu près tout ce que Paris possède aujourd'hui de sa sainte patronne. Un coup de vent a suffi pour anéantir ce qu'avaient épargné treize siècles. Ce cercueil, déposé dans une espèce de chapelle, à droite du chœur, dans l'église Saint-Etienne-du-Mont, est encore l'objet d'une grande dévotion, le but de nombreux pèlerinages. Chaque année, le 3 janvier, commence, à Saint-Etienne-du-Mont et au Panthéon, qui en est voisin, une neuvaine en l'honneur de sainte Geneviève, qui attire de nombreux fidèles, malgré le refroidissement de la foi dans la grande ville.

 

En 1871, les communaux de Paris, dignes successeurs des démolisseurs de 93, ont profané le temple de Sainte-Geneviève ; sa châsse fut violée et défoncée, et les saints ossements jetés au vent : sans doute il ne s'agit que d'une faible portion des reliques de !a patronne de Paris, car toutes celles que renfermait la châsse conservée à l'abbaye de Sainte-Geneviève avaient été brûlées en place de Grève, le 3 décembre 1793 ; mais un certain nombre d'églises de France possédaient quelques reliques de la Vierge de Nanterre, et Mgr de Quelen, lors de la réouverture de Sainte-Geneviève, le 3 janvier 1822, put y déposer plusieurs parcelles des ossements qu'il avait obtenues de divers endroits. La piété des fidèles éprouvera peut-être quelque consolation, en apprenant que plusieurs précieuses reliques de l'auguste protectrice de Paris existent encore, notamment à Verneuil, dans le département de l'Oise.

 

Il y avait, à Verneuil, avant la Révolution de 93, un prieuré ; l'église de la paroisse en dépen­dait, et il portait le titre de Prieuré de Sainte-Geneviève ; c'était le prieur qui nommait le curé. Tous les actes religieux antérieurs à 93 se terminent ainsi : « Fait en l'église de Madame Sainte-Geneviève ».

 

De temps immémorial, il y a un vallon prenant naissance dans la forêt et aboutissant au pays qui porte, dans la forêt, le nom de Fonds de Sainte-Geneviève, et là où on cultive, Vallée de Sainte-Geneviève. Dans cette même vallée, la source qui donne naissance à un petit ruisseau s'est toujours, de mémoire d'homme, appelée Source de Sainte-Geneviève ; depuis une dizaine d'années, on a construit, sur cette source, un magnifique rocher, qui renferme la statue de Sainte Geneviève et qui porte le nom de Fontaine Sainte-Geneviève ; — l’eau de cette fontaine est reconnue par las médecins des environs pour avoir d'excellentes propriétés, et ils conseillent aux malades d'en boire.

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 22:15

Un procès-verbal, dressé le 31 décembre 1821, qui se trouve dans la châsse de l'église de Verneuil, et dont nous devons une copie à l'obligeance de M. l'abbé Loin, curé de cette paroisse (lettre du 2 octobre 1871), nous apprend qu'antérieurement à la persécution de 1793, ladite église de Verneuil possédait une châsse de cuivre doré renfermant des cheveux de sainte Geneviève ; que cette châsse avait été enlevée, en septembre 1793, par un détachement de l'armée révolutionnaire ; que le nommé Jean-Baptiste Dufour, de Verneuil, concierge du district à Senlis, avait — en reconnaissance du mariage de son fils, béni à Verneuil — donné à l'église dudit Verneuil, entre autres reliques tombées en sa possession, un os de sainte Geneviève paraissant être détaché d'une phalange inférieure du doigt, portant 22 lignes de long sur 4 lignes de largeur moyenne. Cet os provenait d'un reliquaire exposé à la vénération des fidèles en l'église de Sainte-Geneviève de Senlis, église qui se trouvait dans une rue portait le nom de la Sainte.

 

Lorsqu'un décret de Louis XVIII, rendu en décembre 1821, restitua au culte de sainte Geneviève le Panthéon de Paris, les habitants de Verneuil résolurent d'offrir à cette dernière une partie de la précieuse relique qu'ils possédaient : on coupa donc l'os en deux parties, dont l'une resta à Verneuil et l'autre fut envoyée à Paris.

 

Jean-Baptiste Dufour, qui était, pendant la tourmente révolutionnaire, devenu propriétaire des dépouilles d'un grand nombre d'églises du district de Senlis, donna, en outre, à l'église de Verneuil, un bras de saint Just, martyr ; un os de saint Colomb ; deux ossements de saint Justin, martyr ; un ossement de saint Libère, martyr, et d'autres reliques sans désignation.

 

Une autre paroisse du diocèse de Beauvais — Gouvieux — a obtenu de Rome, vers 1866, quelques parcelles des reliques de sainte Geneviève.

 

On vénère encore des reliques de sainte Geneviève à La Ferté-sous-Jouarre et à Dians, diocèse de Meaux.

 

Nous avons dit que Clovis avait bâti l'église Saint-Pierre, où fut inhumée sainte Geneviève ; voici à quelle occasion :

 

La reine Clotilde avait fait promettre au roi, au moment où il allait commencer la guerre contre Alaric, qui régnait sur les Visigoths, dans le midi de la Gaule, de consacrer une magnifique église au service de Dieu, si ses armes étaient victorieuses. Revenu à Paris, après la défaite d'Alaric, le roi exécuta sa promesse et jeta, vers l'an 508, les fondements d'une basilique (église de fondation royale) en l'honneur des saints apôtres Pierre et Paul, sur le haut de la montagne du palais des Thermes, au milieu des vignobles qui en couvraient les flancs. Arrivé sur le terrain désigné, il avait lancé sa hache droit devant lui, afin qu'on pût un jour mesurer la force de son bras à la longueur de l'édifice. Clovis mourut en 511, sans avoir vu terminer l'église ; mais la reine Clotilde la fit achever et déposa dans le sanctuaire les restes de Clovis. Clotilde, morte en 543, fut ensevelie à côté du roi.

 

L'église Sainte-Geneviève fut démolie en 1807, et la rue Clovis percée sur son emplacement. Dès le milieu du siècle dernier, l'église menaçant ruine, on sentit la nécessité d'en construire une nouvelle dans un lieu peu éloigné ; mais les chanoines, ne pouvant suffire à cette dépense, Louis XV y affecta, à partir du 1er mars 1755, une partie du produit des loteries, et chargea Soufllot, son architecte, de dresser le plan de la nouvelle église ; le roi en posa le première pierre le 6 septembre 1764. En 1791, l'édifice, inachevé, reçut le nom de Panthéon et fut consacré à la sépulture des hommes illustres ; on sait de quelle illustration !

 

Le 20 février 1806, un décret impérial ordonna qu'il serait terminé et dédié, comme église, pour la sépulture des personnages célèbres. Rendu exclusivement au culte en 1821, et destiné de nouveau, en 1830, à recevoir les restes des grands hommes, il est enfin redevenu, en 1852, l'église Sainte-Geneviève. Depuis 1852, l'église de Sainte-Geneviève est desservie par une communauté de prêtres composée, d'un doyen et de plusieurs chapelains.

Le chapitre de Sainte-Geneviève était fort riche et ne relevait que du Pape ; il avait toute juri­diction sur ses terres ; Bon doyen, qualifié d'abbé, avait le droit de porter, dans les cérémonies, les ornements pontificaux, c'est-à-dire la mitre, la crosse et l'anneau pastoral. Il y eut plusieurs réformes. En 1634, on décida que l'abbé serait nommé tous les trois ans ; on forma en même temps une congrégation générale, d'après les nouveaux règlements de Sainte-Geneviève, dont cette abbaye fut le chef-lieu, et les chanoines Génovéfains reçurent le nom de Chanoines réguliers de la Con­grégation de France. L'Ordre de Sainte-Geneviève comptait plus de neuf cents maisons en France, et nommait à plus de cinq cents cures, entre autres, à celle de Saint-Etienne du Mont.

L'église anciennement appelée Sainte-Geneviève la Petite, et qui prit ensuite le nom de Sainte-Geneviève des Ardents, à la suite du miracle raconté par le P. Giry, était auprès de la cathédrale et de la maison où la Sainte était morte. On l'a démolie en 1747, pour bâtir l'hôpital des Enfants-Trouvés[1].

            Entre les vierges qui s'attachèrent à sainte Geneviève, on nomme sainte Aude et sainte Céline,
toutes deux nées dans les environs de Meaux : aussi, dans la Brie, le nom de Céline est-il fréquem­
ment donné aux jeunes filles.   

Au xviiie siècle, marchant sur les traces des premières compagnes de la Vierge de Nanterre, s'établirent les Filles de Sainte-Geneviève, plus connues sous le nom de Miramiones, du nom de leur fondatrice, Marie Bonneau, veuve de M. Beauharnais de Miramion, conseiller au parlement.

Disons un mot du puits, du souterrain et de la maison de sainte Geneviève, à Nanterre.

On montre encore à Nanterre un puits que le double témoignage de la tradition et de l'histoire assure être celui dont il est parlé dans la vie de sainte Geneviève, et avec l'eau duquel elle guérit sa mère aveugle depuis vingt et un mois. Il est doublement consacré par les larmes que sainte Geneviève répandit sur sa margelle, et par le signe de la croix qu'elle fit sur ses eaux, dont les effets se font encore sentir de nos jours pour tous les maux de la vue et les ardeurs de la fièvre. IL était voisin et dépendant de la maison, du jardin, et de quelques autres petites possessions des parents de la Sainte, à l'usage desquels il servait exclusivement.



[1] Notice historique sur la paroisse Saint-Etienne du Mont, par M. l'abbé Faudet, docteur eu théologie, curé de Saint-Etienne du Mont, et M. E. de Mas-Latrie.

 

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 22:13

Le puits et le terrain jadis occupé par la maison de sainte Geneviève étaient renfermés naguère dans une chapelle dont il n'existe plus aujourd'hui que les murs de clôture ; et cependant, malgré le malheur des temps, ce lieu est toujours l'objet de la vénération du peuple chrétien.

 

On voit près de l'emplacement de la maison, à gauche et en descendant quelques marches, une espèce de souterrain ou de cave où la Sainte se retirait pour prier avec plus de recueillement. La piété des fidèles avait, de temps immémorial, consacré cet endroit par l'érection d'un autel qui fut détruit vers la fin du XVIe  siècle, et était complètement abandonné depuis 1582, lorsqu'on 1642 le zèle des chrétiens y réédifia un nouvel autel où l'on célébrait les saints mystères, et au pied duquel la foule des pèlerins venait encore, avant la première révolution, prier Dieu au même endroit où sainte Geneviève l'avait si souvent invoqué. Les troubles politiques firent abandonner cette pieuse pratique ; bientôt l'autel disparut, et l'oratoire ne tarda pas à devenir une cave de marchand de vin.

 

Monsieur le curé de Nanterre, qui vient de soustraire à des mains profanes ces lieux pleins de pieux souvenirs, ne possède en ce moment que la moitié de cette cave, qui est coupée en deux par le mur d'une maison voisine, dont l'acquisition pourrait compléter tout à la fois l'autre partie du précieux souterrain, et les propriétés de sainte Geneviève de ce côté-là. Cette cave, ainsi que le puits, a subi les envahissements du terrain, et sa voûte demi ogivale est fort basse[1].

 

Selon quelques auteurs, le mont Valérien, devenu célèbre dans la guerre de la France contre la Prusse, en 1870-71, devrait son nom au père de sainte Geneviève, qui se serait appelé Sévère-Valérien, et auquel le mont aurait appartenu en toute propriété.

 

Sur le flanc de cette montagne on montre encore le Clos de Sainte-Geneviève : une source coule auprès et porte aussi le nom de Fontaine de Sainte-Geneviève. C'est là, disent ceux qui croient que sainte Geneviève a été bergère, qu'elle venait se désaltérer et faire boire son troupeau. A l'époque où, sur la hauteur du mont Valérien, existait un calvaire à la place des formidables ou­vrages de guerre qu'on y a élevés, les fidèles qui s'y rendaient le jour de la fête de l'Exaltation de la sainte Croix, le 14 septembre, allaient y boire par dévotion. A l'endroit traversé aujourd'hui par la route de Nanterre à Chatou, se trouvait le Parc de Sainte-Geneviève. Il ne reste plus aucun vestige de l'enclos qui enfermait ce parc, non plus que de la chapelle qu'on y avait construite.

 

Lorsque sainte Geneviève se rendit de Paris à Troyes et Arcis-sur-Aube, pour acheter des vivres, elle s'arrêta, d'après la tradition, entre ces deux villes, dans un pays appelé la Chapelle-Vallon. On voit dans cette dernière localité un monument d'une haute antiquité, dédié à la bonne sainte Geneviève, restauré, en 1842, par les habitants.

 

Des ex-voto, que l'on voit encore de nos jours à Saint-Méry et à Saint-Etienne du Mont, de Paris, attestent le célèbre miracle des ardents. La mémoire de ce fait miraculeux fut conservée à travers les âges par une fête qui se célébrait autrefois le 26 novembre, en l'église Sainte-Gene­viève la Petite, dans la cité de Paris : cette église avait été érigée sur l'emplacement de la maison où la Vierge de Nanterre avait exhalé son dernier soupir.

 

La crypte de l'ancienne basilique de Sainte-Geneviève, dont la tour, seul débris qui en reste, fait aujourd'hui partie des constructions d'un lycée, renfermait les tombeaux de Clovis et de sainte Clotilde ; mais le plus célèbre des monuments abrités par ce sanctuaire était celui de la patronne de Paris, cette tombe, précieuse pour un chrétien, nous a été conservée. M. l'abbé Amable des Voisins, mort évêque nommé de Saint-Flour, obtint, lors de la suppression de la vieille église de Sainte-Geneviève, de faire transporter dans celle de Saint-Etienne du Mont, dont il était curé, cette pierre qui avait contenu le corps de sainte Geneviève pendant un si grand nombre d'années. La sainte relique de la Vierge de Nanterre fut rendue à la vénération publique le S novembre 1803.

 

Ce qui attire principalement les chrétiens à Saint-Etienne du Mont, c'est, nous l'avons déjà dit, la chapelle où se trouve le tombeau de sainte Geneviève, décoré en style gothique flamboyant et dont les dessins ont été fournis, en 1846, par le célèbre Père Martin, jésuite.

 

Sainte Geneviève est spécialement honorée à Thieulloy-l'Abbaye, à La Mirande, à Hédauville, à Assainvillers. Il y a pèlerinage dans ces deux dernières localités où on l'invoque contre les fièvres inflammatoires. Elle est la patronne de Flaucourt, de Framerville et de Guémicourt. Une chapelle lui est dédiée près d'Equancourt. On conserve des reliques de la Sainte à la cathédrale, aux Louvencourt et aux Ursulines d'Amiens, à Liancourt-Fosse, à Tilloy-les-Conty (dans une châsse).



[1] M. Ch. Barthélémy, IV Annales hagiol.

 

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 22:11

Les arts ont donné de sainte Geneviève, et à son sujet, les diverses représentations suivantes : 1° Un diable s'efforce d'éteindre son cierge, et un ange le rallume ; au moyen âge, ce diable était armé d'un soufflet ; 2° elle rend la vue à sa mère ; 3° elle garde des moutons en filant sa que­nouille. Cette manière, d'après le P. Cahier, n'est pas antérieure au XVIIe siècle ; rien, d'ailleurs, ne prouve que sainte Geneviève ait été bergère. Lorsqu'on a eu perdu le sens des symboles du moyen âge, on aura pris son cierge ou un tronçon du cierge pour une houlette ; puis, comme antérieure­ment a cette époque, l'épisode du siège de Paris avait été représenté allégoriquement, que sainte Geneviève était placée sur les remparts entre des moutons (les habitants de Paris) qu'elle garde, et des loups qu'elle repousse (les Huns), on aura été conduit à prendre l'allégorie pour la réalité. Cette erreur est plus pardonnable que celle d'un sculpteur contemporain qui, dans un groupe placé sous le portique du Panthéon, met sainte Geneviève aux pieds d'Attila. Jamais sainte Geneviève n'a abordé Attila, et, dans tous les cas, il est permis de croire qu'elle ne se serait pas jetée à ses genoux. Les enfants de Dieu ont plus de fierté et plus de dignité ; une infinité d'exemples du même genre le prouvent ; 4° elle porte des clefs : ce sont celles de la ville de Paris, qui était confiée à sa protection; 5° elle apparaît, dans le ciel, au-dessus de nombreux malades qui l'invoquent dans la maladie du feu des ardents ; 6° elle reçoit de la main de saint Germain l'Auxerrois une mé­daille à l'effigie du Crucifié et se la passe au cou ; 7° elle porte du pain dans les plis de sa robe, pour désigner soit ses charités ordinaires, soit le secours qu'elle donna au peuple de Paris, pen­dant une famine ; 8° près d'un puits où elle guérit sa mère.

 

Le célèbre Carl Van Loo nous a représenté sainte Geneviève avec une médaille pendant sur sa poitrine : c'est celle que saint Germain donna à la Vierge de Nanterre.

 

L'église Saint-Jacques du Haut Pas, de Paris, possède un tableau dû au pinceau de M. Carbillet, dans lequel saint Germain, montrant sainte Geneviève à son père et à sa mère, leur dit : « Que vous êtes heureux de posséder une telle fille ! »

 

Un panneau de bois, sculpté vers l'an 1700, et placé à la droite de l'autel de sainte Geneviève, dans l'église paroissiale de Nanterre, représente la Sainte recevant de saint Germain le sacrement de Confirmation.

 

                 Sa vie fut écrite dix-huit ans après sa mort, par un auteur dont on ne sait pas le nom, et quelques religieux de son abbaye, à Paris, y ont ajouté, en divers temps, les relations de ses translations et de ses miracles. Bollandus les a rapportées dans son premier tome du mois de jan­vier. IL n'y a point de Martyrologe qui n'en fasse une très-honorable mention. Saint Grégoire de Tours, Constance, auteur de la vie de saint Germain ; Sigebert, Aymonius, Pierre de Natalibus et beaucoup d'autres historiens en parlent aussi. Et nul de ceux qui ont écrit, dans ces deux derniers siècles, la Vie des Saints, ne l'a omise. Nous avons tiré des plus anciens, c'est-à-dire des pre­mières sources, ce que nous en avons rapporté ici ; mais nous avons laissé beaucoup de choses que le lecteur pourra rechercher dans ces actes primitifs.

 

Un des plus illustres théologiens de la Compagnie de Jésus, le Père Petau (dont l'ouvrage le plus célèbre, les Dogmes théologiques, est en vente chez les Célestins, à Bar-le-Duc), a chanté, dans un double poème, sainte Geneviève, qui lui avait rendu la santé.

 

Il n'est pas jusqu'à Voltaire qui n'ait célébré les louanges de la patronne de Paris, dans des vers qui sentent leur collégien, comme on en peut juger par les suivants, les moins mauvais de la pièce :

 

Loin d'une fortune opulente,

Aux trésors que je vous présente

Ma seule ardeur donne du prix ;

Et si cette ardeur peut vous plaire,

Agréez que j'ose vous faire

Un hommage de mes écrits.

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