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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 21:34

 

Prière pour demander l'avènement du Règne du Sacré-Cœur

 

Au nom du Sacré-Coeur de Jésus et par l'intercession de Marie Immaculée, très humblement prosternés devant Votre Majesté, ô Dieu Tout-Puissant, nous Vous supplions de bien vouloir envoyer Saint Michel pour qu'il nous secoure dans notre détresse.

Daignez Vous souvenir, Seigneur, que dans les circonstances douloureuses de notre histoire, Vous en avez fait l'instrument de vos miséricordes à notre égard. Nous ne saurions l'oublier. C'est pourquoi nous Vous conjurons de conserver à notre patrie, coupable mais si malheureuse, la protection dont Vous l'avez jadis entourée par le ministère de cet Archange vainqueur.

C'est à vous que nous avons recours, ô Marie Immaculée, notre douce Médiatrice, qui êtes la Reine du Ciel et de la terre. Nous vous en supplions très humblement, daignez encore intercéder pour nous. Demandez à Dieu qu'Il envoie Saint Michel et ses Anges pour écarter tous les obstacles qui s'opposent au règne du Sacré-Coeur dans nos âmes, dans nos familles et dans la France entière.

Et vous, ô Saint Michel, prince des milices célestes, venez à nous. Nous vous appelons de tous nos voeux ! Vous êtes l'Ange gardien de l'Eglise et de la France, c'est vous qui avez inspiré et soutenu Jeanne d'Arc dans sa mission libératrice. Venez encore à notre secours et sauvez-nous ! Dieu vous a confié les âmes qui, rachetées par le Sauveur, doivent être admises au bonheur du Ciel. Accomplissez donc sur nous la mission sublime dont le Seigneur vous a chargé. Nous plaçons tous nos intérêts spirituels, nos âmes, nos

familles, nos paroisses, la France entière, sous votre puissante protection. Nous en avons la ferme espérance, vous ne laisserez pas mourir le peuple qui vous a été confié !

Combattez avec nous contre l'enfer déchaîné, et par la vertu divine dont vous êtes revêtu, après avoir donné la victoire à l'Eglise ici-bas, conduisez nos âmes à l'éternelle Patrie. Ainsi soit-il

 

Composée par Martin Drexler (1902), cette prière a reçu l’imprimatur du Cardinal Richard, Archevêque de Paris. La Sainte Vierge avait déclaré au voyant, qu'avec les prières de Léon XIII après la messe, ces supplications obtiendraient le triomphe de l'Eglise et le salut de la France. " Je suis toute miséricorde, lui dit-elle. Je veux sauver la France, mais il faut prier Saint Michel. Si on ne le prie pas, il n'interviendra pas"


Prier également : les litanies du Sacré-Cœur. 

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 21:33

Je N... , me donne et consacre au Sacré-Coeur de Notre Seigneur Jésus-Christ, ma personne et ma vie, mes actions, peines et souffrances, pour ne plus vouloir me servir d'aucune partie de mon être que pour l'honorer, aimer et glorifier.

C'est ici ma volonté irrévocable que d'être toute à Lui et faire tout pour son amour, en renonçant de tout mon coeur à tout ce qui pourrait lui déplaire.

Je vous prends donc, ô Sacré-Coeur, pour l'unique objet de mon amour, le protecteur de ma vie, l'assurance de mon salut, le remède de ma fragilité et de mon inconstance, le réparateur de tous les défauts de ma vie, et mon asile assuré à l'heure de ma mort.

Soyez donc, ô Coeur de bonté! ma justification envers Dieu votre Père, et détournez de moi les traits de sa juste colère. Ô Coeur d'amour! je mets toute ma confiance en vous, car je crains tout de ma malice et de ma faiblesse, mais j'espère tout de votre bonté.

Consommez donc en moi tout ce qui peut vous déplaire ou résister! Que votre pur amour vous imprime si avant dans mon coeur que jamais je ne vous puisse oublier, ni être séparée de vous, que je conjure, par toutes vos bontés, que mon nom soit écrit en vous, puisque je veux faire consister tout mon bonheur et toute ma gloire à vivre et à mourir en qualité de votre esclave.

 

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 21:26

 

Je N... , me donne et consacre au Sacré-Coeur de Notre Seigneur Jésus-Christ, ma personne et ma vie, mes actions, peines et souffrances, pour ne plus vouloir me servir d'aucune partie de mon être que pour l'honorer, aimer et glorifier.

 

C'est ici ma volonté irrévocable que d'être toute à Lui et faire tout pour son amour, en renonçant de tout mon coeur à tout ce qui pourrait lui déplaire.

 

Je vous prends donc, ô Sacré-Coeur, pour l'unique objet de mon amour, le protecteur de ma vie, l'assurance de mon salut, le remède de ma fragilité et de mon inconstance, le réparateur de tous les défauts de ma vie, et mon asile assuré à l'heure de ma mort.

 

Soyez donc, ô Coeur de bonté ma justification envers Dieu votre Père, et détournez de moi les traits de sa juste colère. Ô Coeur d'amour! je mets toute ma confiance en vous, car je crains tout de ma malice et de ma faiblesse, mais j'espère tout de votre bonté.

 

Consommez donc en moi tout ce qui peut vous déplaire ou résister! Que votre pur amour vous imprime si avant dans mon coeur que jamais je ne vous puisse oublier, ni être séparée de vous, que je conjure, par toutes vos bontés, que mon nom soit écrit en vous, puisque je veux faire consister tout mon bonheur et toute ma gloire à vivre et à mourir en qualité de votre esclave.

 

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 22:52

PREMIÈRE CONSÉCRATION AU SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS composée par Ste Marguerite-Marie

Je N.N. me donne et consacre au sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ma personne et ma vie, mes actions, peines et souffrances, pour ne plus vouloir me servir d'aucune partie de mon être   que   pour   l'honorer,   aimer   et   glorifier.

C'est ici ma volonté irrévocable que d'être toute à Lui et faire tout pour son amour, en renonçant de tout mon cœur à tout ce qui Lui pourrait   déplaire.

Je vous prends donc, ô sacré Cœur, pour l'unique objet de mon amour, le protecteur de ma vie, l'assurance de mon salut, le remède de ma fragilité et de mon inconstance, le réparateur de tous les défauts de ma vie, et mon asile à l'heure   de   ma   mort.

Soyez donc, ô Cœur de bonté ! ma justifica­tion envers Dieu votre Père, et détournez de moi les traits de sa juste colère. O Cœur d'amour ! je mets toute ma confiance en vous, car je crains tout de ma malice et de ma faiblesse, mais j'espère   tout   de   votre   bonté.

Consommez donc en moi tout ce qui vous peut déplaire ou résister ! Que votre pur amour vous imprime si avant dans mon cœur, que jamais je ne vous puisse oublier, ni être séparée de vous, que je conjure, par toutes vos bontés, que mon nom soit écrit en vous, puisque je veux faire consister tout mon bonheur et toute ma gloire à vivre et à mourir en qualité de votre esclave. (l. liii)

 

CONSÉCRATION AU SACRÉ CŒUR

... O mon Jésus, et mon amour, prenez tout ce que j'ai et tout ce que je suis et me possédez selon l'étendue de votre bon plaisir, puisque tout ce que j'ai est à Vous sans réserve. Transformez-moi tout en Vous ; afin que je n'aie plus de pou­voir de m'en séparer un seul moment et que je n'agisse plus que par les mouvements de votre pur amour   ! (E.S. n° 16)

 

CONSÉCRATION AU CŒUR DE JÉSUS

... Je m'offre donc toute à Vous, ô Cœur d'amour, avec intention que tout mon être, ma vie, mes souffrances soient pour Vous aimer, honorer et glorifier au temps et en l'éternité. Je Vous aime, ô Cœur tout aimable, comme mon souverain Bien, tout mon bonheur, toute ma joie, seul digne de l'amour de tous les cœurs...

Gardez-moi de Vous déplaire, et faites-moi faire ce qui Vous agréera le plus. O Cœur, source du pur amour, que ne suis-je tout cœur pour Vous aimer, et tout esprit pour Vous ado­rer ! Faites donc que je ne puisse, s'il Vous plaît, aimer que Vous, en Vous, et par Vous et pour Vous   !... (Pr.   XXVIII)

Consécration au Cœur de Jésus Sainte Marguerite-Marie Alacoque-Fête 16 octobre

 

Je donne et consacre au Cœur de Jésus, ma personne et ma vie, mon cœur, mon intelligence, ma mémoire et ma volonté, mes joies et mes peines, mon passé et mon avenir, afin que tout ce que je ferai et souffrirai soit pour l'amour et la gloire de Dieu.

Je donne et consacre au Cœur de Jésus en toute confiance et amour ma famille. Je souhaite que Jésus soit le Maître de mon foyer et qu'il puisse règner dans le cœur de chacun des membres de ma famille.

Cœur de Jésus, je présente donc ma famille avec ses joies et ses souffrances, l'avenir de chacun d'entre nous, notre travail, notre maison, nos gestes les plus simples.

Seigneur Jésus, je choisis votre Cœur pour ma demeure, afin qu'il soit ma force dans la lutte, mon soutien dans la faiblesse, ma lumière et mon guide dans les heures de ténèbres, le réparateur de mes fautes.

Cœur de Jésus, brûlez en moi tout ce qui vous déplait ou vous résiste, que jamais je ne vous oublie, que jamais je ne sois séparé(e)  de vous et que je demeure toujours votre serviteur. Amen !

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 22:47

Cependant les persécutions continuaient, et Marguerite-Marie était sous le coup de perpétuelles menaces. Dieu lui envoya le Père Ignace Rolin, jésuite, pour l'aider à gravir les derniers degrés qui devaient aboutir à la paix souveraine. Il fut nommé à cette époque supérieur à la résidence de Paray. Il s'était, malgré son éminente piété, laissé surprendre, mais ses préventions tombèrent vite quand il eut vu la Bienheureuse ; il reconnut les mystérieuses opérations de Dieu en elle, et l'aida de tout son pouvoir. Ce fut sur son ordre que la Bienheureuse écrivit ses Mémoires qui la font si bien connaître et où l'on ne peut mieux faire que de puiser pour redire sa vie. Le démon en même temps redoublait ses efforts contre Marguerite-Marie. La communauté en fut plus d'une fois témoin. Elle faisait par la maison des chutes étranges et sans causes apparentes. Sa chaise plusieurs fois lui fut enlevée de dessous elle, et elle tomba violemment à la renverse. Comme on la questionnait, elle se contenta de sourire et de se rasseoir en silence. Plein de rage et de dépit de se voir toujours vaincu, un jour, son ennemi enveloppa l'église du couvent dans un si violent tourbillon que l'on crut un instant qu'elle serait renversée de fond en comble. Les visites du bon Maître étaient, en récompense, aussi fréquentes ; il se plaignait à elle du relâchement qui s'était introduit dans plusieurs maisons de la Visitation. Les manquements qui attiraient sa colère étaient le déguisement des fautes au confessionnal ; la recherche de sa propre gloire, et non celle de Dieu et la curiosité. Heureusement la plupart des maisons embrassèrent la dévotion du Sacré-Cœur et écartèrent d'elles par là la vengeance divine.

 

Si l'on n'eût jugé que sur les apparences, on n'eût pas cru prochain le triomphe du Sacré-Cœur[1], et cependant on y touchait. Déjà la Mère Saumaise à Dijon, et la Mère Greyfié à Semur avaient établi et propagé la dévotion au Sacré-Cœur dans leur couvent avant que cette dévotion fût adoptée à Paray-le-Monial. La Mère Greyfié venait d'envoyer à la Bienheureuse des images pour toute sa communauté, et de plus une jolie miniature representant le tableau qu'elle devait suspendre à son autel du Sacré-Cœur. Enfin l'heure des bénédictions sonna aussi pour Paray-le-Monial. Par une secrète puissance de la grâce un changement s'est opéré dans les cœurs, et les plus opposées jusque-là à la dévotion du Sacré-Cœur sont les premières à favoriser cette dévotion.

 

La sœur des Escures, la plus intraitable à propos du Sacré-Cœur, demanda elle-même à Marguerite-Marie l'image que la Mère Greyfié lui avait envoyée, et l'exposa elle-même le vendredi de l'octave du Saint-Sacrement sur un petit autel fait exprès et orné de fleurs.

 

Toute la communauté reconnut l'empire de ce cœur, et il fut résolu que l'on ferait peindre un tableau destiné à le représenter, et bâtir une chapelle qui lui serait consacrée. Le cœur de la Bienheureuse était inondé de la plus pure joie, et c'est alors qu'elle apparût dans toute sa grandeur et dans la pleine maturité de ses héroïques vertus. C'est à cette époque qu'après avoir consulté le Père Rolin, éloigné de la communauté, par ordre de ses supé­rieurs, elle fit le Vœu d'accomplir toujours ce qu'elle croirait le plus parfait.

 

Cependant, la chapelle destinée au Sacré-Cœur, que l'on élevait au fond du jardin, était debout, ornée de tout ce qu'une ingénieuse piété avait pu déployer de pompe et de magnificence. La dédicace se fit le 7 septembre 1688. La cérémonie dura deux heures entières, et la foule s'y porta em­pressée et nombreuse. Désormais c'était une victoire remportée, le Sacré-Cœur avait vaincu.

 

La réputation de sainteté de la Bienheureuse se répandit rapidement partout et tous les regards étaient fixés sur elle. Cela faisait grandement souffrir son humilité, mais il fallait se résigner à une célébrité qui était pour elle un vrai supplice.

 

Elle trouvait qu'elle n'avait plus rien à faire ici-bas, du moment qu'elle n'avait plus à souffrir» et elle fit savoir plusieurs fois que sa mort était proche ; c'était en 1690. Elle annonça qu'elle mourrait cette année et, en effet, dans l'automne, elle fut saisie d'un léger accès de fièvre qui excita l'inquiétude autour d'elle. C'était l'époque de la retraite, et une sœur lui ayant demandé si elle croyait pouvoir entrer en retraite : «Oui», répondit-elle, «mais dans la grande retraite». Quoique le mal allât en empirant, les médecins avaient assuré qu'elle n'en mourrait pas, et le dernier jour de sa vie personne ne pouvait croire à sa fin prochaine. Cependant ses forces baissaient rapidement et les défaillances se succédaient. S'adressant aux infirmières qui la soutenaient : «Demandez à Dieu pardon pour moi», leur dit-elle, «et aimez-le vous-mêmes de tout votre cœur pour réparer tous les mo­ments que je ne l'ai pas fait. Quel bonheur d'aimer Dieu ! Ah ! quel bonheur ! Aimez donc de cet amour, mais aimez-le parfaitement». Tout à coup elle fut prise de convulsions ; toute la communauté avertie se réunit autour d'elle ; la Bienheureuse recueillit toutes ses forces pour les exhorter à aimer Dieu sans réserve et sans partage, et elle expira après qu'on lui eut admi­nistré l'Extrême-Onction, le 17 octobre 1690. Elle avait quarante-deux ans, deux mois et quatre jours. La nouvelle de son décès se répandit rapide­ment par la ville, et on entendait partout ces mots : «La Sainte est morte ! la Sainte est morte !» La cérémonie de ses funérailles attira un concours extraordinaire.



[1] Voir dans le volume consacré aux Fêtes mobiles.

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 22:45

Cette année, 1674, le P7re de la Colombière arrivait à Paray-le-Monial. C’était un saint religieux plein de zèle et de piété et il était ce serviteur dont le divin Sauveur avait parlé à la Bienheureuse. Elle le comprit par intuition la première fois qu'elle le vit, et sur l'ordre de la Mère de Sau­maise elle s'ouvrit entièrement à lui, et le Père de la Colombière reconnut les voies de Dieu et engagea Marguerite-Marie à se livrer à ces attraits sur­naturels. La fête de Noêl étant arrivée, la Bienheureuse eut une nouvelle extase. Le Sauveur lui découvrait successivement ses desseins. Le divin Cœur lui apparut cette fois comme un trône tout de feu et de flammes, rayonnant de toutes parts et transparent comme un cristal. La plaie qu'il reçut sur la croix y paraissait visiblement. Il y avait une couronne d'épines autour de ce Sacré-Cœur et une croix au dessus pour faire entendre que son amour était la source de ses souffrances. Il dit à la Bienheureuse que le grand désir qu'il avait d'être parfaitement ami des hommes lui avait fait former le dessein de leur manifester son cœur et qu'il prendrait un singu­lier plaisir d'être honoré sous la figure de ce cœur de chair dont il voulait que l'image fût exposée aux regards afin de toucher les cœurs insensibles. «Voilà, ma fille», ajouta-t-il, «le but pour lequel je t'ai accordé de si grandes grâces». Dans une autre extase, le jour de la fête du Sacré-Cœur de Marie, établie depuis peu, le divin Sauveur lui révéla qu'il avait choisi le Père de la Colombière pour l'aider, et un des jours de l'octave du Saint-Sacrement il finit par lui découvrir complètement ce qu'il voulait d'elle. Lui montrant son cœur: «Voilà», dit-il, «ce cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour ; et en reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes ; car ils ne cessent de m'outrager par leurs irrévé­rences et leur ingratitude, et par les froideurs et les mépris qu'ils ont pour moi dans ce sacrement d'amour. Mais ce qui m'est encore plus sensible, c'est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi. C'est pour cela que je te demande que le premier vendredi d'après l'octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en communiant ce jour-là, et en lui faisant amende honorable afin de ré­parer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels. Je te promets aussi que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur et qui procureront qu'il lui soit rendu ».

 

Le Père de la Colombière, averti de ce qui s'était passé et du rôle qui lui était assigné dans les desseins de Dieu, fit dès ce moment sa plus douce occupation de faire connaître et aimer le cœur de Jésus. Il semblait que les obstacles allaient disparaître ; mais par un secret dessein de Dieu, il en fut tout autrement. Son crédit, dès lors, baissa dans le monastère, et il reçut de ses supérieurs l'ordre de partir pour l'Angleterre.

 

Dans cette contrée, le saint religieux, dont nous n'avons pas à raconter les actions, eut de rudes épreuves à subir ; il fut soutenu par les lumières de la Bienheureuse et établit dans cette contrée la dévotion du Sacré-Cœur. Pendant ce temps, Marguerite-Marie devenait une victime : Notre-Seigneur n'était pas content de la communauté où elle vivait et c'est elle qui fut choisie par le divin Sauveur pour arrêter sa justice. Elle eut à endurer des souffrances inouïes. Sa santé en souffrit de cruelles atteintes ; son estomac ne pouvait plus supporter aucune nourriture et on lui donna l'ordre de manger de tout ce qui serait servi. Enfin, la Mère Saumaise lui ordonna de demander dans sa communion d'être rétablie dans son état primitif. Elle l'obtint, mais ce fut pour endurer de nouvelles souffrances.

 

On était en 1678, et il fallait pourvoir, d'après les règles de la Visitation, au remplacement de la Mère de Saumaise. Les religieuses choisirent la Mère Péronne-Rosalie Greyfié, de la maison d'Annecy. Quand elle fut arri­vée à Paray, le 17 juin 1678, on trouva en elle un esprit solide, un cœur plein de tendresse pour toutes ses filles et une vigilance clairvoyante sur les sœurs et les malades. Elle était fort éclairée et fort intérieure dans la conduite des âmes. Elle eut bien vite compris les secrets de la miséricorde divine sur la bienheureuse Marguerite-Marie. Jésus-Christ la comblait de plus en plus de douceurs ineffables, la récompensant par là de toutes les humiliations qui lui venaient de l'extérieur et la préparant aux grands combats qui lui restaient à soutenir pour l'exaltation du Sacré-Cœur.

 

Cependant le Père de la Colombière était revenu d'Angleterre, où il avait eu fort à souffrir, compromis qu'il avait été dans un prétendu com­plot papiste qui avait amené une condamnation de mort, pour cinq de ses confrères. Il vint en passant à Paray-le-Monial, visiter la bienheureuse Marguerite-Marie, ce qui fut pour elle une nouvelle occasion d'humilia­tions. Il fut appelé à Lyon par ses supérieurs, et il écrivit à Marguerite-Marie, à de rares occasions et toujours pour des sujets qui avaient trait à la gloire de Dieu et au bien des âmes. Peu de temps après, ce généreux missionnaire revint à Paray-le-Monial pour y mourir. Les fatigues l'avaient usé, et la Bienheureuse lui avait dit que Dieu voulait le sacrifice de sa vie.

 

Les épreuves de la Bienheureuse n'étaient pas terminées. «Je te veux être toute chose», lui avait dit Notre-Seigneur, «je serai ta joie et ta con­solation, mais aussi ton supplice». En conséquence, il laissa appesantir sur elle sa sainteté de justice et sa sainteté d'amour, et elle avoua que sans un secours extraordinaire du ciel, elle eût été bientôt accablée. Elle éprou­vait la sainteté d'amour en faveur des âmes du purgatoire, et la sainteté de justice toutes les fois qu'il y avait quelques âmes à sauver, un scandale à expier, un malheur à conjurer, une victoire à obtenir pour Jésus-Christ. Ce fut surtout pendant les années qui s'écoulèrent avant le triomphe com­plet du Sacré-Cœur qu'elle éprouva ces mystérieuses souffrances. Le car­naval lui apportait toujours un redoublement d'angoisses. Le démon, comme on doit bien le penser, ne l'épargnait pas et la poursuivait de ten­tations continuelles. Elle était souvent obsédée d'une abominable tentation de gourmandise, et quand elle entrait au réfectoire, le dégoût faisait place a la tentation, et elle ne pouvait manger. Elle était aussi tentée de vaine gloire, et plus souvent, de désespoir. Satan, ne pouvant la vaincre, lui ap­paraissait sous des formes épouvantables :«Maudite que tu es, je te poursui­vrai partout», lui disait-il, «et t'attraperai». Avec le signe de la croix elle se débarrassait de lui.

 

Quand le second triennat de la Mère Greyfié fut expiré, on lui donna pour remplaçante Marie-Christine Melin de Paray; la Bienheureuse fut nommée assistante et quelque temps après maîtresse des novices. Elle de­vait dans cette charge, selon les desseins de Dieu, exercer un véritable apostolat et travailler à conquérir au Cœur de Jésus les cœurs des jeunes filles qui se préparaient à entrer dans l'Ordre. Pendant ce temps, les fami­liarités divines de Jésus avec sa servante se renouvelaient continuellement et lui donnaient des forces pour remplir sa mission.

 

Marguerite-Marie montra une grande habileté dans l'emploi qui lui était confié, maniant différemment les cœurs des novices selon la diversité de leur esprit, afin de les former toutes au bon plaisir de Celui au service duquel elles sont consacrées. Elle était aidée de lumières extraordinaires qui lui manifestaient les secrets des cœurs. Elle avait avec les novices des avances cordiales et irrésistibles qui finissaient toujours par lui gagner leur pleine confiance. Elle se montra une digne fille de saint François de Sales dont elle eut toujours la discrétion et la suavité. Sans cesse elle leur par­lait du Sacré-Cœur et cherchait à leur en inspirer la dévotion. Les novices l'aimaient et cherchaient à lui faire plaisir. Cette année, la fête de Sainte-Marguerite tombait un vendredi ; pour la fêter, elles s'arrangèrent de façon à rendre, ce jour-là, les premiers hommages au Sacré-Cœur. Tout fut simple dans cette fête de famille. On improvisa un autel que l'on orna de fleurs, et avec une plume et de l'encre une main inhabile traça sur le papier la figure d'un cœur enflammé surmonté d'une croix et entouré d'une cou­ronne d'épines, et au milieu de ce cœur, elle écrivit le mot charité.

 

Marguerite se consacra, elle et ses novices, au Sacré-Cœur. Quelques professes invitées à prendre part à cette fête s'y refusèrent. Jésus consola la Bienheureuse de ce refus en lui faisant voir que le trésor sacré de son Cœur serait manifesté à tout l'Ordre de la Visitation, et par son moyen, au monde entier.

 

Une persécution nouvelle et amère lui fut suscitée par le refus qu'elle fit de sanctionner, par son suffrage, la vocation d'une jeune fille dans la­quelle elle ne reconnaissait pas les marques de l'Esprit de Dieu. La famille reprit la jeune fille. Elle était puissante, et le père crut ne devoir garder aucun ménagement avec une communauté coupable à ses yeux d'accorder une pleine confiance à une fille qu'il regardait comme une folle et une visionnaire. Les plaintes eurent de l'écho, on demandait la déposition de la maîtresse des novices, en menaçant de recourir à l'autorité épiscopale. Néanmoins Marguerite-Marie resta dans sa charge, et la persécution ne se ralentit point. Elle eut grandement à souffrir ; mais ce qui lui fut surtout sensible, et ce fut la dernière épreuve de cette nature, c'est qu'on la priva de la communion du premier vendredi du mois. Dieu le permettait ainsi pour faire comprendre à la supérieure et à la Bienheureuse que toutes deux ne pouvaient rien, n'étaient que des instruments de sa volonté et qu'il fal­lait l'écouter sous peine de lui déplaire. La Mère Melin fut sur le point d'être punie, pour sa défense, aussi sévèrement que l'avait été la Mère Greyfié par la mort de la sœur Quarré. Une novice de grande espérance, sœur Rosalie Verchère, tomba tout à coup dangereusement malade et ne fut rappelée des portes du tombeau que quand la supérieure eut permis à la Bienheureuse de reprendre sa communion du premier vendredi de chaque mois.

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 22:43

Jusqu'ici toutes les faveurs dont Marguerite-Marie avait été comblée avaient été pour sa consolation et son instruction. Elles étaient des mani­festations du cœur de Jésus, mais où n'apparaissait pas encore le grand dessein qui devait s'accomplir par son moyen. Ce dessein lui fut enfin révêlé en l'année 1674. Un jour donc qu'elle était prosternée devant le Saint-Sacrement, elle se trouva tout à coup investie de la présence de Dieu, et laissa aller son cœur à toutes les ardeurs de l'amour. Jésus lui ayant fait longtemps reposer son cœur sur sa poitrine, lui découvrit les merveilles de son amour, et les secrets de son divin cœur. Voici les paroles que le Sau­veur lui adressa : «Mon divin cœur est si rempli d'amour pour les hommes et pour toi en particulier, que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen, et qu'il se manifeste à eux pour les enrichir des trésors qu'il renferme. Je te découvre le prix de ces trésors. Ils contiennent les grâces de sanctification et de salut, nécessaires pour les tirer de l'abîme de perdition. Je t'ai choi­sie nonobstant ton indignité et ton ignorance, pour l'accomplissement de ce grand dessein, afin qu'il paraisse mieux que tout soit fait par moi». Puis lui prenant son cœur pour le mettre dans le sien, elle le vit comme un atome consumé dans une fournaise ardente, et il lui fut rendu tout em­brasé. Chaque vendredi, le divin Sauveur lui accordait des faveurs sem­blables. Alors, le Sacré-Cœur lui apparaissait comme un soleil éclatant, dont les rayons tombaient sur son cœur embrasé d'un feu si vif qu'il sem­blait prêt à se réduire en cendres.

 

Il fallait parler de ces extases à la Mère de Saumaise. Cela lui coûtait énormément. Elle le fit cependant, et fut traitée de visionnaire. Cependant, Marguerite-Marie éprouvait au cœur une oppression qui allant toujours croissant, finit par faire craindre pour ses jours. Les médecins furent man­dés, elle déclara qu'il fallait la saigner ; les médecins se moquèrent d'elle et le mal alla empirant jusqu'à ce qu'enfin, comme dernière ressource, on fit ce qu'elle demandait, et elle fut immédiatement soulagée. Ses souffrances revenaient souvent, et chaque fois on était obligé d'en venir au même re­mède. Les sœurs qui ne comprenaient rien à son mal, ne pouvaient lui pardonner ce qu'elles regardaient comme une pure bizarrerie de sa part. Destinée par le divin Sauveur à être l'instrument de sa miséricorde et de son amour, Marguerite-Marie ne savait pas encore de quelle manière elle devait y concourir. Le divin Maître le lui apprit enfin. Il lui apparut de nouveau avec ses cinq plaies brillantes comme des soleils. Des torrents de flammes sortaient de son divin cœur. Il fit connaître à Marguerite-Marie les merveilles inexprimables de son amour, l'excès où il avait porté cet amour envers les hommes, dont l'ingratitude lui avait été plus sensible que toutes les autres douleurs de sa Passion. «S'ils usaient de retour à mon égard, tout ce que j'ai fait pour eux paraîtrait peu de chose à mon amour, mais ils n'ont pour moi que de la froideur et ils ne répondent à mes empresse­ments que par des rebuts. Toi, au moins, donne-moi cette satisfaction de suppléer à leur ingratitude autant que tu le pourras». Ensuite il lui expli­qua ce qu'il lui demandait pour préparer ses desseins. C'était de commu­nier aussi souvent que l'obéissance le lui permettrait ; de communier le premier vendredi de chaque mois. Il lui annonça que chaque semaine, dans la nuit du jeudi au vendredi, il la ferait participer à la mortelle tristesse qu'il avait ressentie au jardin des oliviers ; il lui demanda de se lever entre onze heures et minuit et de rester prosternée pendant une heure la face contre terre ; il lui recommanda de se défier du démon qui cherchait à la tromper et de n'écouter que l'obéissance. Elle sortit de cette vision anéan­tie. Le feu qui la dévorait lui donna une fièvre brûlante dont elle eut plus de soixante accès qui firent désespérer de sa vie. Dans une défaillance, les trois personnes divines lui apparurent ; le Père lui plaça sur les épaules une lourde croix hérissée d'épines, le Fils lui annonça qu'il l'attacherait à cette croix, et le Saint-Esprit qu'il la consumerait de son amour en la purifiant. La Mère de Saumaise hésitait toujours à se prononcer. Elle voulait des preuves convaincantes. Elle commanda à Marguerite-Marie de demander sa guérison ; elle reconnaîtrait, si elle l'obtenait, qu'elle était sous l'influence de l’Esprit de Dieu. Marguerite-Marie obéit et fut instantanément guérie. La Mère de Saumaise ne s'en tint pas là. Elle la soumit à des directeurs peu éclairés qu ne virent en elle qu'un cerveau malade, un esprit abusé et mélancolique et qui lui ordonnèrent de chasser tous ces fantômes de son imagination. Ce fut pour elle une rude épreuve à laquelle elle ne voyait pas d’issue, quand Notre-Seigneur lui apparut et lui dit : «Sois tranquille, je t’enverrai mon serviteur ».

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 22:41

Marie-Françoise de Saumaise était alors supérieure ; c'était à elle que revenait le soin de diriger Marguerite-Marie dans les voies de la perfection religieuse. Ces deux âmes se comprirent et s'aimèrent d'une affection pro­fonde. Mais plus la Mère de Saumaise se sentait d'inclination pour Mar­guerite-Marie, plus elle avait à cœur de la rassasier du poids des humilia­tions et des souffrances. Elle la mit d'abord à l'infirmerie comme aide de la sœur Catherine Marest, fille forte et courageuse et d'humeur à exiger autant des autres qu'elle faisait elle-même. Elle était d'une constitution solide et endurcie à la fatigue. Marguerite-Marie eut beaucoup à souffrir sous la con­duite d'une semblable fille ; elle fit maladresse sur maladresse et en fut re­prise très-vertement ; elle fit des chutes à se briser, son ange gardien la pré­serva, mais elle en contracta un mal de tête qui lui infligeait souvent des tortures atroces. Après une année passée à l'infirmerie, Marguerite-Marie changea d'office et fut, toujours en rang subalterne, chargée de veiller sur les quelques pensionnaires que recevait le couvent. Les enfants, avec l'heu­reux instinct de leur âge, ne tardèrent pas à découvrir le trésor qu'elles possédaient et s'attachèrent à leur maîtresse. Bientôt ces jeunes filles aux­quelles elle parlait de Dieu, chaque fois que l'occasion s'en présentait, d'une façon charmante et profitable, vénérèrent leur maîtresse comme une Sainte et gardèrent comme des reliques ce qu'elles recevaient d'elle.

 

Marguerite-Marie occupa successivement divers autres emplois dont elle s'acquitta toujours avec la plus grande exactitude, cherchant sans cesse dans chacune l'occasion de souffrir et de s'humilier. Tout le temps que la Bienheureuse ne consacrait pas à l'oraison était employé au travail des mains. Les fatigues de la communauté étaient son partage, elle avait tou­jours le talent de choisir ce qu'il y avait de plus pénible. «Un jour», dit le Père Daniel, un de ses biographes, «un jour qu'elle puisait de l'eau, à l'aide d'une manivelle, le sceau qu'elle venait d'atteindre lui échappa des mains et le bras de fer de la manivelle, dans sa rotation précipitée, l'atteignit en plein visage. Elle tomba à la renverse, ayant les dents fracassées et un mor­ceau de la gencive sortit de la bouche avec le sang. Aussi calme qu'avant sa chute, elle se releva et présentant ses ciseaux à des pensionnaires qui passaient par là, elle les pria de couper ce lambeau de chair. Mais ces pauvres enfants s'enfuirent épouvantées. Que fait la Bienheureuse ? Elle prend elle-même ses ciseaux, et d'une main ferme, elle taille en plein dans le vif sans plus de façon que s’il se fût agi de détacher un morceau de son voile.

 

Elle fut pendant toute sa vie tourmentée d'une soif insupportable : ce fut pour elle une raison d'éloigner de ses lèvres tout breuvage rafraîchis­sant. Elle resta une fois cinquante jours de suite sans boire, et souvent elle s'imposait le même sacrifice. Notre-Seigneur se montrait souvent à elle et l'encourageait, mais il ne manquait jamais de lui témoigner son déplaisir pour peu qu'elle s'écartât de l'esprit de l'obéissance.

 

L'année qui suivit sa profession, elle reçut du Sauveur de nouveaux gages d'amour; il lui fit part de sa vie crucifiée. Un jour qu'elle allait à la communion, Notre-Seigneur lui    posa une couronne sur la tête, en disant : «Ma fille, reçois cette couronne en signe de celle qui te sera donnée par conformité avec moi». En effet, bientôt ses douleurs de tête redoublèrent, il lui semblait qu'elle était transpercée de pointes acérées, et elle éprou­vait des élancements qui redoublaient quand elle essayait de s'appuyer. Elle souffrait le jour et la nuit, et se réjouissait de ses souffrances dont elle ne savait comment remercier son Sauveur. En même temps, les répugnances de la nature pour une foule de choses allaient, en elle, toujours croissant. Bien souvent Notre-Seigneur lui présentait sa croix. «Porter ma croix en ton cœur», lui disait-il, «c'est être crucifiée en toutes choses ; la porter entre tes bras, c'est embrasser amoureusement toutes les croix qui se pré­sentent comme le plus précieux gage de mon amour que je puisse te don­ner en cette vie». Notre-Seigneur relevait peu à peu à la plus sublime abnégation, jusqu'à ce qu'enfin il l'invita à renoncer librement à toutes les consolations de l'exil pour embrasser sans réserve la vie crucifiée. Elle ac­cepta et se trouva tellement changée, eu égard à ses dispositions anté­rieures, qu'elle ne se reconnaissait plus.

 

Peu de temps après, Notre-Seigneur l'initiait aux mystères de sa dou­loureuse agonie et à la passion de son divin cœur. Dès lors, la sainteté de Dieu rapprochée de sa propre misère et de celle des âmes pécheresses, lui devint un continuel et amer supplice. Elle entra dans ce redoutable purga­toire de l'âme où l'on sent la vérité de ces paroles de l'Apôtre : «Notre Dieu est un feu qui consume». Tantôt elle endurait ce tourment pour les âmes du purgatoire, et tantôt pour les pécheurs. Elle avait aussi sa part des souffrances divines. Son Maître voulait qu'elle n'eût plus de volonté et qu'elle le laissât vouloir pour elle en tout et partout.

 

Ce fut vers la même époque qu'elle reçut le premier enseignement de l'Heure sainte. Chaque semaine, dans la nuit du jeudi au vendredi, elle de­vait se lever pour réciter cinq Pater et cinq Ave Maria, prosternée contre terre, avec cinq actes d'adoration que Notre-Seigneur lui avait appris, pour lui rendre hommage dans l'extrême angoisse qu'il souffrit dans la nuit de sa Passion. Cette pieuse pratique fut longtemps combattue par les supé­rieurs de Marguerite-Marie ; mais le Sauveur l'a fait triompher, et aujour­d'hui elle fleurit dans l'Eglise entière. Elle a donné naissance à une archiconfrérie, dont le siège est à Paray-le-Monial, et que le pape Grégoire XVI a dotée de précieuses indulgences.

 

Marguerite-Marie souffrait étrangement de toutes les communications du Sauveur, auxquelles il lui était ordonné de se soustraire. Jusqu'ici elle n'avait été que le jouet de l'amour divin, elle allait en devenir l'instrument docile. Il lui coûtera douze années de luttes pour établir dans son propre monastère la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Dans ces luttes elle montra des vertus héroïques, et un immense amour.

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 22:39

A vingt-quatre ans, elle entrait au couvent de la Visitation de Paray-le-Monial, là où Dieu la voulait, et elle le sentit en franchissant le seuil de la maison. Marguerite, poussée par un attrait invincible, avait voulu être re­ligieuse à Paray-le-Monial, où elle ne connaissait personne, parce que dans la pensée de Dieu elle devait être l'une des plus illustres héritières de l'es­prit de saint François de Sales. Ignorant comme tout le monde les grandes et mystérieuses conséquences de sa vocation, mais guidée par une main in­visible, entre toutes les familles religieuses elle choisit précisément la plus propre à seconder la mission qu'elle doit recevoir un jour de propager dans l'Eglise la dévotion du Sacré-Cœur de Jésus, et d'en faire goûter les doux fruits aux fidèles. Il suffit, en effet, d'ouvrir les œuvres de saint François de Sales, pour voir que tout y respire l'amour du Sacré-Cœur de Jésus, de ce cœur où ce grand Saint fait sa demeure et où il puise, comme à leur vraie source, les douces ardeurs de son zèle, et les tendres empressements de sa charité envers le prochain. Tout était préparé dans cet ordre de la Visita­tion, pour favoriser la mission de Marguerite-Marie. Elle allait rencontrer des âmes accoutumées à reconnaître le doux empire du cœur de Jésus, il lui était réservé de faire décerner à ce cœur un culte solennel et public de réparation, afin de le dédommager de l'indifférence et du mépris des hommes, par qui son amour est si cruellement outragé. C'est là, en effet, toute la dévotion au Sacré-Cœur. 

 

Le monastère de Paray-le-Monial, où venait d'entrer notre Bienheureuse, avait été fondé en 1626, par le P. du Barry, jésuite, à la suite d'une mission donnée dans cette ville infectée des erreurs de l'hérésie. Il y avait fait beau­coup de bien, un grand nombre d'âmes étaient revenues à la vérité, et pour affermir le bien produit, le zélé religieux avait cru devoir fonder un cou­vent de la Visitation. Il fallut, pour y parvenir, vaincre de grands obstacles ; avec de la persévérance et de l'énergie, ils arrivèrent à être tous levés, et la première personne qui y entra, fut Mlle Rosselin, appartenant à l'une des familles les plus considérables de Paray-le-Monial. Une petite colonie était venue de Lyon pour occuper une maison assez incommode, et qu'on avait tant bien que mal transformée en couvent. Bientôt une jeune fille aussi de Paray-le-Monial, qui appartenait à l'une des familles les plus illustres de la ville, et se nommait Mlle Thouvant, suivit son exemple. Il était réservé à ses vieux jours de voir arriver au noviciat Marguerite-Marie, dont elle dirigea les premiers pas. Elle était maîtresse des novices, et la supérieure se nommait la Mère Jéronyme Hersant, professe du premier monastère de Paris, elle accomplissait alors sa sixième année de supériorité.

 

En entrant au noviciat, la Bienheureuse s'estima la dernière de toutes et se soumit avec une entière simplicité aux moindres observances. Notre-Seigneur lui fit goûter toutes les douceurs attachées à son service et fut lui-même le maître qui lui apprit à faire oraison. La Bienheureuse avait soif et faim et désirait vivement être initiée à cette science sacrée. Jésus-Christ, après avoir purifié son âme de toutes les taches qu'elle avait contractées par l'affection des créatures et l'amour d'elle-même, lui inspira un désir si ardent d'aimer et de souffrir qu'elle perdit le repos et ne pouvait plus songer à autre chose. Cependant, sachant que l'obéissance vaut mieux que les sacrifices, elle mit sa volonté sous le joug de cette vertu si agréable à Dieu.

 

Le 25 août 1671, Marguerite-Marie prenait le saint habit. «Ayant passé», dit-elle dans ses mémoires, «ayant passé mon essai avec un ardent désir de me voir à Dieu et étant revêtue de notre saint habit, mon divin Maître me fit voir que c'était le temps de nos fiançailles, lesquelles lui donnaient un nouvel empire sur moi et m'imposaient à moi un double engagement de l'aimer d'un amour de préférence. Après quoi il me fit comprendre qu'à la façon des amants les plus passionnés, il me faisait goûter dans ces com­mencements ce qu'il y avait de plus doux dans la suavité de son amour». Sur l'invitation du bon Maître elle se fit une solitude dans son cœur et y passait dans de doux entretiens tout le temps dont elle disposait. Elle goûtait tant de suavité dans ces entretiens qu'elle en ressentait une étrange confusion, craignant qu'on ne découvrît ce qui se passait en elle.

 

Ses supérieurs n'étaient pas sans inquiétude de la voir dès les commen­cements engagée dans des voies si extraordinaires. On voulut l'éprouver pour juger de son obéissance, et on lui déclara que cette façon d'oraison convenait peu à une fille de Sainte-Marie, et que si elle continuait elle ne serait pas admise à la profession. On multiplia les épreuves, mais rien n'y fit. L'humble postulante avait beau faire, elle ne pouvait se soustraire à l'action de Dieu qui absorbait toutes les puissances de son âme. Parfois, harcelée en mille manières, elle poussait vers son divin Epoux un cri de détresse. «Hélas !» lui disait-elle, «venez à moi, vous êtes la cause de ma peine». «Reconnais», lui répondait-il, «que tu ne peux faire le bien sans moi. Je ne te laisserai point manquer de secours, pourvu que tu tiennes toujours ton néant et ta faiblesse abîmés dans ma force». Elle avait cou­tume de dire que plus les humiliations sont petites en apparence, plus elles sont sensibles à la nature. Pendant huit ans elle s'efforça de vaincre une répugnance dont elle ne put triompher. Chaque fois qu'elle renouve­lait sa tentative, c'était pour elle une occasion de crises et de souffrances inouïes.

 

Enfin elle allait être admise à la profession, son obéissance à la fois si simple et si courageuse devait vaincre toutes les défiances. Pendant la re­traite qui la disposa à cette action, elle reçut de si grandes grâces de Notre-Seigneur que jamais elle nen avait senti de semblables. Il lui inspira sur­tout un ardent amour de la Croix, et lui fit connaître d'une façon merveil­leuse le mystère de sa Passion et de sa mort. Il lui parla souvent pendant cette retraite, et lui dit entre autres choses : « Voici la place de mon côté pour y faire ta demeure actuelle et perpétuelle, c'est là où tu pourras con­server la robe d'innocence dont j'ai revêtu ton âme. Tu vivras désormais de la vie d'un Homme-Dieu, tu vivras comme ne vivant plus, afin que je vive parfaitement en toi. Prends garde de te regarder toi-même hors de moi». Admise à la profession à l'unanimité des voix, elle prononça ses veux solennels le 6 novembre 1672. Jésus-Christ lui dit alors qu'elle était devenue son épouse et il inonda son âme de tous les délices du Thabor.

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 22:36

Jésus-Christ profita de cela pour lui apprendre à souffrir et lui faire estimer les souffrances, et elle se prit à souhaiter que ses peines n'eussent pas de fin. Elle souffrit dès lors sans se plaindre et sans murmurer, regar­dant les injures dont elle était l'objet comme le juste salaire de ses péchés. Si elle pardonnait généreusement ce qu'on lui faisait supporter, elle eut plus de peine à pardonner les injures et les mauvais traitements dont sa mère était l'objet ; mais la grâce du bon Maître aidant, elle parvint à com­primer les révoltes de son cœur. Au milieu de ses épreuves, elle sentit renaître son amour pour l'oraison. Elle ne la connaissait que de nom, mais Jésus-Christ devint son maître, et dans cet exercice elle puisait un désir insatiable de la communion et des souffrances. Mais ses épreuves allaient bientôt cesser pour faire place à d'autres d'une nature plus délicate.

 

Le moment était venu où ceux qui disposaient d'elle songèrent à l'éta­blir dans le monde. S'il n'eût été question que d'elle, elle eût déclaré sa volonté inébranlable de ne jamais se marier, mais elle avait peur pour sa mère et elle crut devoir prendre des ménagements qui faillirent lui devenir funestes. La conduite que l'on avait tenue jusque-là à son égard change, il faut qu'elle se pare, se produise dans le monde et subisse les visites. Plu­sieurs partis se présentèrent : elle les refusa; mais elle vit pleurer sa mère qui n'avait d'autre espoir qu'en elle et désirait son établissement pour échapper à la servitude. Marguerite-Marie, tourmentée par son vœu de chasteté, finit par se persuader qua ce vœu fait dans un âge où elle ne savait rien, ne l'obligeait pas, et elle se résolut à suivre la voie facile que l'on couvrait de fleurs sous ses pas. Entendons-la décrire elle-même les agitations de son âme : «Je commençais à voir le monde et à me parer pour lui plaire, et je cherchais à me divertir autant que je le pouvais. Mais vous, ô mon Dieu, seul témoin de la grandeur et de la longueur de la peine que ce combat intérieur me faisait souffrir et à laquelle j'aurais mille fois succombé sans un secours extraordinaire de votre miséricorde, vous aviez bien d'autres desseins que ceux que je projetais dans mon cœur. Vous me fîtes connaître en cette rencontre, comme vous l'avez fait en plusieurs autres, qu'il m'était bien dur de regimber contre le puissant aiguillon de votre amour. Ma malice et mon infidélité me faisaient em­ployer toutes mes forces et toute mon industrie pour résister à son attrait et pour éteindre en moi tous ses mouvements. Mais c'était en vain ; car au milieu des compagnies et des divertissements, ce divin amour me lançait des flèches si ardentes qu'elles perçaient mon cœur de toutes parts et le consumaient. La douleur que je ressentais me rendait tout interdite, et cela ne suffisait pas encore pour détacher un cœur aussi ingrat que le mien ; je me sentais comme liée avec des cordes et tirée si fortement, qu'enfin j'étais contrainte de suivre celui qui m'appelait ; il me conduisait en quelque lieu retiré, où il me faisait de sévères réprimandes. Hélas ! il paraissait jaloux de mon misérable cœur».

 

Le soir, en revenant de ses vains plaisirs, et de ses amusements frivoles, elle pleurait. Notre-Seigneur se présentait à elle avec ses plaies sanglantes et lui reprochait ses vanités. Alors elle se flagellait, macérait son corps et n'en recommençait pas moins le lendemain sa vie mondaine. Ces luttes et ces combats durèrent trois ans. Continuellement poursuivie de la crainte des jugements de Dieu, elle n'avait ni paix, ni tranquillité, ni repos. Elle voulait devenir une sainte, elle cherchait une vie facile à imiter, mais ne trouvait personne qui se fût sanctifié autrement que par la croix. Le bon Maître, cherchant à la ramener complètement à lui, lui mit au cœur un ardent amour du prochain. Elle avait pour les pauvres une vive et tendre compassion, les soignait avec sollicitude et pansait les plaies des infirmes. Elle était émue de compassion pour les âmes, aussi l'hiver elle réunissait les enfants pour leur apprendre leur catéchisme et leurs prières. Elle s'as­treignait à une obéissance parfaite, ne faisant rien sans la permission des gens de la maison qui la traitaient durement et prenaient occasion de sa soumission pour se montrer plus impérieux et plus exigeants.

 

C'est par ces moyens que Notre-Seigneur reprenait peu à peu ses droits sur cette âme. Cependant sa mère luttait de son côté ; comme Marguerite-Marie avait 20 ans, elle ne cessait de représenter à sa fille qu'elle était dans l'âge où l'on doit s'établir. Elle la pressait et la sollicitait d'en finir. Les supplications d'une mère sont très-puissantes. Le démon, de son côté, la voyant faiblir, redoublait ses efforts. Cette dernière lutte fut terrible, mais Dieu, qui éprouve ses serviteurs sans les abandonner jamais, vint à son secours de la manière suivante. Laissons-la parler elle-même.

 

«Une fois, après la communion, Jésus-Christ me fit voir qu'il était le plus beau, le plus riche et le plus puissant, le plus accompli et le plus par­fait de tous les amants. Il me reprochait que lui étant promise depuis tant d'années je pensais cependant à rompre avec lui pour prendre un autre époux. Oh ! apprends, si tu me fais cette injure, que je t'abandonne pour jamais. Si, au contraire, tu m'es fidèle, je ne te quitterai point et je te rendrai victorieuse de tous tes ennemis. J'excuse ton ignorance, parce que tu ne me connais pas encore ; mais si tu veux me suivre, je t'enseignerai à me connaître et je me manifesterai à toi.

 

«En me disant cela, il imprimait le calme dans mon intérieur, de sorte que mon âme se trouva dans une très-grande paix. Je me déterminais à l'heure même de mourir plutôt que de changer. Il me semblait que mes liens étaient rompus et que je n'avais plus rien à craindre. Je me disais à moi-même que quand même la vie religieuse serait un purgatoire, il me serait plus doux de m'y purifier le reste de ma vie que de me voir précipitée dans l'enfer que j'avais tant de fois mérité par mes péchés et mes résistances continuelles.

 

«M'étant donc ainsi déterminée pour la vie religieuse, ce divin Epoux de mon âme, comme s'il avait craint que je ne lui échappasse encore, me demanda de consentir qu'il s'emparât et se rendît maître de ma liberté, parce que j'étais faible. Je donnai de bon cœur ce consentement, et dès lors il s'empara si fortement de ma liberté qu'il me semble n'en avoir plus eu de jouissance. Je renouvelai mon vœu, commençant à le comprendre, et je lui dis que, quand il devrait m'en coûter mille vies, je ne serais jamais autre que religieuse. Je m'en déclarai dès lors hautement et je priais qu'on congédiât tous ces partis, quelque avantageux qu'ils pussent être. Ma mère, voyant cela, ne pleurait plus en ma présence, mais elle pleurait con­tinuellement avec tous ceux qui lui en parlaient; ils ne manquaient pas de me venir dire que je serais la cause de sa mort, si je la quittais, et que j'en répondrais à Dieu, puisqu'elle n'avait personne que moi pour la servir et que je serais aussi bien religieuse après sa mort que pendant sa vie. Un de mes frères surtout, qui m'aimait beaucoup, fit tous ses efforts pour me dé­tourner de mon dessein, m'offrant une partie de son bien pour me mieux loger dans le monde, mais à tout cela mon cœur était devenu insensible comme un rocher».

 

Cette fois la victoire était gagnée. Tous les obstacles n'étaient pas encore vaincus, mais le plus difficile était fait et la paix était rentrée dans son âme. A peine cette lutte était-elle terminée qu'il s'en présenta une autre d'un genre différent. Un de ses oncles voulut la faire entrer chez les Ursulines. Marguerite-Marie sentait que Dieu la voulait ailleurs. Elle avait de l'attrait pour la Visitation, dont on ne lui parlait pas. Dieu vint à son se­cours. Elle était en ce moment à Mâcon où la chose allait se décider. Elle apprend tout à coup la maladie de sa mère et de son frère. Elle part en toute hâte, et à sa vue sa mère et son frère reviennent à la santé. Cette crainte de la mort de sa mère, si elle persistait à vouloir se séparer d'elle, était un nouvel obstacle à sa vocation. Cette fois encore le ciel lui vint en aide. Un religieux de Saint-François s'étant arrêté quelques jours à Verosvres, Marguerite-Marie lui découvrit son intérieur, et ce religieux vint trouver Chrysostome Alacoque pour lui déclarer qu'il répondrait devant Dieu de la vocation de sa sœur. Cette fois les difficultés disparurent, et il fut décidé que Marguerite-Marie serait fille de Sainte-Marie et qu'elle en­trerait à Paray-le-Monial, à l'extrémité du Charollais.

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