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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 16:20

 

 

1er siècle avant Jésus-Christ
O par beatum Joachim et Anna ! Vobis omnis creatura Obstricta est ; per vos enim donum omnium donorum Praestantissimum Creatori obtulit, nempe castam Matrem quae sola Creatore digna erat.
O couple trois fois heureux de saint Joachim et de sainte Anne ! Vous avez à notre reconnaissance un droit imprescriptible : grâce à vous, nous avons pu offrir à notre Dieu le don le plus sensible à son cœur, une mère vierge, la seule mère digne du Créateur.
S. Joan Dam., Orat. I de nat. B. M. V
Il y avait en Israël un homme appelé Joachim, de la tribu de Juda. Il était pasteur de brebis et servait Dieu dans la simplicité et la bonté de son cœur. Uniquement occupé de son troupeau, il en consacrait le produit à l’entretien des pauvres craignant Dieu et fidèles à sa loi. De tout ce qu’il recueillait, soit laine, soit agneaux, il faisait trois parts : l’une était pour les veuves, les orphelins, les pauvres et les voyageurs ; la seconde était pour les veuves, les orphelins, les pauvres et les voyageurs ; la seconde était pour le temple, et la dernière pour lui, ses serviteurs et l’entretien de sa maison. Cette conduite attirait la bénédiction du ciel sur son troupeau, qui se multipliait à tel point, qu’il n’avait point son pareil en Israël. A l’âge de vingt ans, Joachim avait épousé Anne, de la tribu de Juda, comme lui, et de la famille de David. Il avait vécu vingt ans avec elle sans avoir d’enfant.
Un jour de fête, Joachim s’était mêlé à ceux qui offraient de l’encens, et apportait comme eux ses présents. Un prêtre nommé Ruben, l’ayant aperçu, s’approcha et lui dit : " Pourquoi te mêles-tu à ceux qui sacrifient au Seigneur, toi dont Dieu n’a point béni le mariage, et qui n’as point donné d’enfant à Juda ? " Humilié ainsi devant tout le peuple, Joachim sortit du temple en pleurant, mais ne retourna point à sa maison ; il alla rejoindre son troupeau, et, prenant avec lui ses pasteurs, il s’enfonça au loin dans les montagnes, et Anne, son épouse, fut pendant cinq mois sans en apprendre aucune nouvelle. Cependant elle pleurait et répétait dans ses prières : " Seigneur, Dieu d’Israël, Dieu fort, pourquoi m’avez-vous privé d’enfant ? pourquoi avez-vous éloigné de moi mon époux ? Voilà que cinq mois se sont passés, et je ne le vois point ; j’ignore s’il est mort et si on lui a donné la sépulture ".
Un certain jour qu’elle pleurait ainsi, elle se retira dans l’intérieur de sa maison, et, tombant à genoux, elle répandit avec abondance ses soupirs et ses vœux devant le Seigneur. Son oraison finie, elle avait fait effort pour dissiper sa douleur, elle avait quitté ses vêtements de deuil, orné sa tête et revêtu sa robe nuptiale. Vers la neuvième heure, elle descendit se promener dans son jardin. Là était un laurier sous lequel elle s’assit et fit à Dieu cette prière : " Dieu de mes pères, écoutez-moi et bénissez-moi comme vous avez béni Sara, à laquelle vous avez donné un fils ". Et, élevant les yeux, elle aperçut sur le laurier un nid de passereaux et se prit à pleurer. " Hélas ! à qui me comparer ? " disait-elle en elle-même. " De qui suis-je donc née pour être ainsi la malédiction d’Israël ? On me repousse, on me méprise, on me rejette du temple.
" A qui me comparer ? Je ne puis me comparer aux oiseaux du ciel, car les oiseaux du ciel peuvent paraître devant vous, ô mon Dieu !
" A qui me comparer ? Je ne puis me comparer aux animaux de la terre, car les animaux de la terre sont féconds devant vous, Seigneur !
" A qui me comparer ? Je ne puis me comparer aux fleuves et à la mer, car les fleuves et la mer ne sont point frappés de stérilité : ou calmes ou émues, leurs eaux, remplies de poissons, chantent votre louange.
" A qui me comparer ? Je ne puis me comparer aux plaines, car les plaines portent leurs fruits en leur temps, et leur fertilité vous bénit, ô mon Dieu ; "
Que de douleurs dans ces soupirs d’épouse privée des gloires et des joies de la maternité ! Comme ces répétitions expriment bien le désespoir d’une âme accablée de honte, et qui trouve un amer plaisir à se redire son humiliation !
Et comme elle disait ces mots, un ange apparut tout à coup devant elle et lui dit " Ne crains point, il est dans les desseins de Dieu de te donner un enfant, et celui qui naîtra de toi fera l’admiration des siècles jusqu’à la fin des temps ". Ayant ainsi parlé, il disparut. Anne, émue et tremblante d’une telle vision, rentra dans sa demeure et se jeta sur son lit comme morte. Elle passa tout le jour et toute la nuit dans le tremblement et dans la prière. Le jour venu, elle appela auprès d’elle sa servante et lui dit : " Tu sais que je suis seule et dans la peine ; pourquoi n’es-tu pas entrée auprès de moi ? " - " Si Dieu vous a rendue stérile et a éloigné de vous votre époux ", lui répondit en murmurant sa servante, " que puis-je y faire ? " En entendant ce dur reproche, Anne se prit à pleurer à chaudes larmes.
Au moment où un ange apparaissait à Anne pour lui annoncer qu’elle serait mère, un autre messager céleste, dit la légende, se montrait à Joachim dans la montagne où il faisait paître ses troupeaux, et lui donnait au nom du ciel la même assurance.
" De ton sang ", lui disait-il, " naîtra une fille ; elle habitera dans le temple, et le Saint-Esprit descendra en elle, et son bonheur sera au-dessus du bonheur des autres femmes ; son fruit sera béni, elle-même sera bénie et appelée la Mère de l’éternelle bénédiction. C’est pourquoi descends de la montagne, retourne auprès de ton épouse, et ensemble rendez grâces au Seigneur ".
Joachim, s’inclina devant lui et reprit : " Si j’ai trouvé grâce devant vous, asseyez-vous un peu dans ma tente, et bénissez votre serviteur ". L’ange lui répondit : " Ne te nomme point mon serviteur, nous sommes tous serviteurs du même Maître. Je ne prendrai point la nourriture que tu me présentes ; ma nourriture, à moi, est invisible, et ma boisson ne peut être connue des hommes. Ne me presse donc point de m’asseoir sous ta tente, et offre en holocauste à Dieu les mets que tu voulais me servir ".
Joachim, ayant offert le sacrifice que l’ange lui avait ordonné, retourna dans sa maison, où sa femme l’accueillit avec des transports d’allégresse. Neuf mois après, Anne accoucha d’une fille, à laquelle elle donna le nom de Marie, et qu’elle nourrit elle-même de son lait. Sainte Anne, selon Suarez et une foule de théologiens catholiques, a enfanté sans douleur et sans honte celle qu’elle conçut sans lui transmettre la tache de notre origine. Et, s’il est permis de soupçonner que cette grande âme avait appris par les anges du ciel quelque chose des destinées réservées à Marie, où prendre des paroles capables d’exprimer les joies de son cœur maternel, quand elle donnait son lait à celle qui devait un jour donner le sien à son Dieu ?
Anne, dit la légende, présenta son enfant au temple, à ce temple d’où elle a été chassée autrefois à cause de sa stérilité. Comprend-on sa fierté maternelle et le délire de sa joie, en voyant venir à elle avec respect ces prêtres qui l’avaient précédemment expulsée ? Elle arracha son enfant des mains des prêtres qui venaient de le bénir, le porta à sa mamelle, et chanta ce cantique devant tout le peuple :
" Je chanterai les louanges du Seigneur mon, Dieu, parce qu’il m’a visitée et qu’il a enlevé de dessus moi l’opprobre dont me couvraient mes ennemis.
" Le Seigneur a mis en moi le fruit abondant de sa justice.
" Qui annoncera aux fils de Ruben que Anne la stérile allaite ?
" Ecoutez, écoutez, tribus d’Israël, voici que Anne allaite ! "
Certes, jamais cri de triomphe n’a éclaté avec plus de puissance, jamais cœur de femme n’a bondi avec plus d’élan. Que d’ivresse et de noble orgueil dans cet appel aux douze tribus, et comme ce chant a une forme antique et grandiose !
Ici, le fil de la tradition devient si délié, qu’il se rompt sans cesse, et le reste de la vie de sainte Anne est presque entièrement conjectural. Cette mère qui avait obtenu la Vierge d’Isaïe après tant de jeûnes et de larmes, qui avait reçu de la Reine des anges le premier baiser, le premier regard, la première caresse, qui avait entouré son enfance de tant d’amour, qui l’avait emportée dans ses bras au Seigneur et l’avait déposée en pleurant dans son sanctuaire, ne reparaît qu’un instant sur la scène, et c’est pour mourir.
Joachim, qui n’était point un artisan comme Joseph, cultivait, suivant toute apparence, le petit héritage de ses aïeux, et jouissait d’une heureuse médiocrité. L’âge et le labeur usèrent ses forces. Le père bien-aimé de Marie tomba gravement malade ; il demanda sa fille : Marie vint. Au moment où le vieillard étendait ses mains bénissantes, une révélation d’un haut lui fit voir tout à coup les glorieuses destinées où le ciel appelait sa fille. La joie des élus se répandit sur sa face vénérable ; il baisa les bras, inclina la tête et mourut. Les dernières larmes que la Vierge répandit sur ce saint patriarche, l’un des auteurs de ses jours, étaient à peine séchées, qu’elle eut à déplorer la perte de l’autre. Sainte Anne rassembla ses forces défaillantes pour bénir sa fille, la recommanda à ses proches et s’endormit du sommeil des justes.
1° On peint souvent saint Joachim offrant un petit agneau à l’autel. La légende raconte que, se présentant au temple un jour de fête, il fut repoussé par le prêtre qui le déclara maudit par Dieu à cause de la stérilité de sa femme et indigne de faire accepter son offrande. Humilié ainsi publiquement, l’infortuné mari se retira dans sa maison de campagne pour éviter le mépris de ceux qui l’avaient vu noter d’infamie. Ce fut alors que Dieu le consola en lui faisant connaître qu’il allait devenir père et que son enfant vaudrait, à lui seul, les plus belles familles dont d’autres pourraient s’enorgueillir ; 2° un ange lui annonce qu’il va devenir père ; 3° il est représenté pensif au milieu d’un paysage où l’on voit paître des moutons, parce qu’il s’était retiré à la campagne après l’insulte qu’il avait reçue à Jérusalem ; 4° il rencontre sainte Anne et l’embrasse devant la Porte-Dorée, sous les murs de Jérusalem . Quelquefois un ange les y accompagne. Saint Joachim est sainte Anne s’étaient imposé un exil séparé après l’opprobre du temple. Un ange apparut à chacun d’eux dans la retraite où ils s’étaient isolés et leur dit de retourner à Jérusalem. Pour preuve que Dieu voulait désormais bénir leur union, ils devaient se rencontrer sous la Porte-Dorée. Quelques monuments de la fin du moyen âge ajoutent même à cette scène un lis qui a sa racine sur les lèvres des deux époux, et parfois la fleur qui couronne la tige porte un buste de la Mère de Dieu. Est-il possible d’exprimer d’une manière plus gracieuse la Conception immaculée de Marie ? 5° Rubens a dépeint saint Joachim tenant dans ses bras la VIERGE encore enfant.
Saint Joachim a été pris pour patron par les anciennes Confréries de l’Immaculée Conception à raison sans doute de cette manière de représenter le premier instant où Notre-Dame reçut la vie. Une de ces Confréries existait à Paris, à la paroisse Saint-Séverin, en l’année 1561.
CULTE ET RELIQUES
Le tombeau de saint Joachim se montre encore aujourd’hui aux pèlerins de la Terre Sainte, dans l’église du Saint-Sépulcre de Notre-Dame, dans la vallée de Josaphat, au côté droit du grand autel, avec celui de son épouse sainte Anne et de saint Joseph, époux de la sainte Vierge. Son corps à depuis été transféré à Jérusalem, et une partie de son chef se conserve précieusement à Cologne, dans l’église des machabées.
Le corps de la bienheureuse Anne, mère de la Vierge Marie, transporté en France par la barque de Provence de la chapelle sépulcrale de Notre-Dame de Josaphat où il reposait près de celui de saint Joachim, fut remis, d’après une antique tradition, à l’église d’Apta Julia, par une faveur insigne de Dieu. Le très-ancien martyrologe d’Apt mentionne cette translation. Trithemius, De laudibus sanctae Annae, Joannes de Montevilla, In itinerario, disent que le corps de sainte Anne fut transporté d’Orient en Occident et déposé dans les Gaules. Plusieurs voyages en Orient, notamment celui du Père Nau, en parlent.
Mais le temps des persécutions s’avançant à grands pas, le bienheureux Auspice, premier évêque d’Apt, le cacha dans une sorte d’armoire pratiquée dans le mur de la crypte la plus basse, qui existe encore aujourd’hui. Il plaça devant les reliques une lampe allumée qui ne s’éteignit qu’en 792, le jour de leur découverte. Le saint évêque ayant ensuite très-diligemment muré la crypte, de manière à la rendre impénétrable, et les confidents du secret, qui avaient connaissance du lieu, étant morts, la crypte resta inconnue aux hommes pendant sept siècles, et les reliques de sainte Anne furent préservées ainsi grâce à la prévoyance de saint Auspice, dans les irruptions des Alains, des Suèves, des Vandales et autres barbares qui ravagèrent la Provence, et les dévastations horribles des Sarrasins, après la défaite totale desquels le glorieux Charlemagne eut le bonheur de les découvrir.
Charlemagne vint séjourner à Apt aux approches de la fête pascale, après avoir pacifié la Provence par la défaite des Sarrasins, dans la plaine qui s’étend entre la montagne de Cordes et la colline de Montmajour. Le souvenir de cette bataille, où la dernière espérance de l’islamisme fut détruite, s’est conservé dans une inscription de l’église de Montmajour-lez-Arles.
Le premier soin de Charlemagne, après son arrivée à Apt, fut de faire reconsacrer par Turpin l’église cathédrale qui avait été polluée par un culte impie. Tandis qu’un concours extraordinaire de grands seigneurs et de peuple assistait à cette solennité, et pendant que la population répandue à l’entour rendait à Dieu, dans son ravissement, des louanges à l’occasion de son sanctuaire restitué, le Seigneur, enveloppant de son amour les vœux pieux de la cité et la foi ardente de Charlemagne, découvrit, par un miracle éclatant et une faveur inespérée, le trésor inconnu des reliques de sainte Anne.
Un jeune homme du nom de Jean, âgé de quatorze ans, aveugle, sourd et muet de naissance, fils du baron de Caseneuve, était présent dans le sanctuaire. Pendant quelque temps, on vit ce jeune homme paraître écouter un certain avertissement céleste. Bientôt il commença, en frappant sur une levée de degrés menant au maître-autel, à faire signe qu’on creusât profondément le sol, afin que, les degrés enlevés, on vit ce qui était peut-être caché dessous. L’office divin était troublé par là, sans qu’il fût au pouvoir des gardes ni des autres officiers de retenir ce jeune homme. Cependant, tous les assistants étant surpris par la nouveauté du fait, le prince, présageant un miracle, donna ordre de se conformer aux vœux si vivement exprimés par l’adolescent.
On enlève à l’heure même les marches de la montée indiquée, et on découvre aussitôt une porte fermée de grosses pierres qui fait présager quelque chose de remarquable. Les ouvriers ayant ouvert cette porte à coups de marteau, on vit une entrée et une descente de degrés qui conduisit dans une grotte souterraine artistement travaillée. C’était la crypte où le bienheureux Auspice, apôtre des Aptésiens, avait coutume de nourrir par la parole sainte et les Sacrements le peuple qui lui était confié.
L’aveugle Jean marchait le premier, indiquant le chemin avec une telle sûreté, que Charlemagne fut obligé de le faire tenir près de lui pour qu’il ne fût pas foulé aux pieds des curieux. Le jeune homme faisait toujours comprendre du geste qu’on creusât plus avant la terre à la partie du mur qu’il signalait. On descendit enfin dans un souterrain long et étroit ; mais là une lumière extraordinaire apparaissant entoura les assistants. La crypte inférieure étant enfin ouverte, tandis que tous, pleins d’admiration, regardent une lampe ardent placée devant une sorte d’armoire murée, le roi lui-même, le clergé et les grands de la cour, accourent tout joyeux vers la mystérieuse clarté, qui s’éteignit aussitôt au contact de l’air.
Chose admirable ! voilà que Jean, ayant tout à coup les yeux ouverts, ainsi que les oreilles, et la langue déliée, s’écrie : " Dans cette ouverture est le corps de sainte Anne, mère de la très-sainte Vierge Marie, Mère de Dieu ".
Tous les spectateurs, remplis d’étonnement, poussent mille acclamations de joie. Cependant le très-pieux roi ordonne d’ouvrir la niche. Aussitôt une odeur semblable à celle du baume se répand et le dépôt sacré, attesté par un si grand miracle, apparaît renfermé dans une caisse de cyprès, enveloppé d’un voile précieux, et certifié par cette inscription : " Ici est le corps de la bienheureuse Anne, mère de la Vierge Marie ". La caisse ouverte, une odeur suave se répandit dans l’une et l’autre crypte pour la confirmation du miracle. L’archevêque Turpin, ayant pris la caisse, la mit entre les bras de Charlemagne pour la lui faire baiser en signe de joie et de consolation.
Le pontife rendit grâces à Dieu, auteur cette miraculeuse invention, qui avait manifesté le corps vénérable de l’aïeule du Christ pour être la protection et le secours de la ville d’Apt.
Charlemagne ordonna de faire consigner dans des écrits le récit de tous les faits, tels qu’ils s’étaient passés, et d’en référer au souverain Pontife, de qui ils furent approuvés par un diplôme qu’il délivra. L’empereur, voulant néanmoins en instruire le premier pape Adrien, lui écrivit une lettre que l’on possède encore.
Pendant la Révolution, les précieuses reliques conservées à Apt ne furent pas profanées. Une partie des dons offerts par les pèlerins échappèrent au bouleversement social et sont aujourd’hui l’ornement et la gloire de cette église.
C’est de la ville d’Apt que sont sorties toutes les reliques de sainte Anne, que l’on peut voir et vénérer maintenant ailleurs.
Le couvent de la Visitation de Chartres a le bonheur de posséder une petite partie du chef de sainte Anne.
Mais nulle part sainte Anne n’est aussi honorée qu’au pèlerinage qui porte son nom près d’Auray, chef-lieu de canton du Morbihan, arrondissement de Lorient. Ce pèlerinage, depuis longtemps oublié, se renouvela en 1624. Sainte Anne, comme il a été constaté par les enquêtes juridiques les plus multipliées et les plus minutieuses, apparut plusieurs fois, en plusieurs endroits, à diverses heures du jour et de la nuit, à Yves Nicolazic, laboureur de la paroisse de Pluneret, près d’Auray, diocèse de Vannes, et du village de Kerauna (mot qui signifie, en breton, la même chose que la ville d’Anne, en français).
Nicolazic devait une réparation à sainte Anne au nom de ses ancêtres. Car ceux-ci, en cultivant la pièce de terre du Bocennu, où il restait encore des vestiges de l’antique chapelle de la  Sainte en avaient tiré de temps à autre des pierres de taille qu’ils avaient amassées, et dont le père d’Yves avait bâti, en 1614, une grange où l’on distinguait des pierres qui avaient servi à quelque fenêtre d’église. Tantôt Yves Nicolazic entendait un grand bruit, se trouvait environné d’une grande lumière, au milieu desquels sainte Anne lui apparaissait. Tantôt, il voyait cette Sainte qui, la nuit, marchait devant lui, un flambeau à la main. Quelquefois, il n’apercevait que le flambeau et la main qui le tenait. L’aïeule du Sauveur avait la forme d’une vénérable dame, éblouissante de éblouissante de beauté, avec des vêtements blancs comme neige. Elle lui apprit que, dans le Bocennu, il y avait autrefois une chapelle dédiée à son nom, ruinée depuis neuf cent quatre-vingt-quatre ans et six mois (c’est-à-dire l’an 699). Elle désirait que cette chapelle fût rebâtie. Guillemette le Roux, femme de Nicolazic, se levant du lit le 6 mars, trouva sur sa table, au lieu même où son mari avait vu auparavant une main avec un cierge allumé, douze quarts d’écus, monnaie de France, dont quelques-uns étaient de l’an 1613 et d’autres de date inconnue, marqués à divers coins avec des lettres que personne ne pouvait expliquer. Plus tard, on se disputa ces pièces mystérieuses comme des objets de dévotion. Enfin sainte Anne ordonna à Nicolazic d’aller dans le champs du Bocennu, où il trouverait, à un endroit qui lui serait indiqué, une statue qui la représentait. En effet, il partit avec des témoins, conduit par une lumière que virent ceux de ses compagnons qui étaient en état de grâce, et, à l’endroit où cette lumière s’arrêta, ils trouvèrent, en creusant, une statue en bois représentant sainte Anne. Quelque temps après, la grange dont nous avons parlé, et qui n’était couverte que de paille, fut entièrement consumée   par le   feu, sans   qu’on pût  l’éteindre, quelque quantité
d’eau qu’on y jetât. L’incendie ne gâta rien de ce qui était dans la grange, ni des monceaux de gerbes de seigles qui en étaient tout proche, quoique le vent y dût naturellement porter la flamme. Ce fut donc à la fois un châtiment et un bienfait. L’image de sainte Anne attira bientôt une foule innombrable de pèlerins ; avec leurs offrandes, on bâtit une chapelle : elle fut embellie par les religieux de l’Ordre du Carmel, qui s’établirent dans ce sanctuaire le 21 décembre 1627 ; le roi Louis XIII leur donna une relique de saint Anne en 1639. Urbain, par ses bulles datées du 22 septembre 1638, accorda de grandes indulgences aux pèlerins et à la Confrérie de Sainte-Anne d’Auray. Les religieux furent chassés en 1792, leur couvent et leur église vendus, l’image fut brisée et brûlée, un seul morceau de la figure échappa à la destruction ; on le voit encore dans le piédestal de la nouvelle statue. L’église et le couvent, rachetés en 1815, furent confiés aux Pères Jésuites qui y établirent un petit séminaire. Ils en furent expulsés en 1828. Depuis cette époque, la maison de Sainte-Anne n’a pas changé de destination, elle est encore l’école ecclésiastique du diocèse de Vannes, et la dévotion attire toujours dans son église de nombreux pèlerins. Sainte Anne est aussi en grand honneur dans la Lorraine allemande. Dans le diocèse de Nancy, près d’Albestrolf, chef-lieu de canton de la Meurthe, arrondissement de Château-Salins, on remarque une magnifique chapelle romane de date assez récente, mais construite sur l’emplacement d’autres monuments consacrés à sainte Anne. Ce culte envers l’aïeule de Notre-Seigneur Jésus-Christ est d’origine tellement reculée dans cette partie de la Lorraine, qu’on ne peut facilement en assigner la date. Dès le XIIe siècle, nous trouvons, à l’endroit qui nous occupe, une chapelle dédiée à sainte Anne, qui en avait, suivant la tradition, déterminé elle-même l’emplacement. Aujourd’hui ce lieu de pèlerinage est devenu plus important encore depuis qu’il est enrichi d’une insigne et précieuse relique de sainte Anne, provenant d’Apt, en Provence.
Nous nous sommes servi, pour compléter cette biographie, de La vie et le culte de sainte Anne, chez Girard, libraire à Lyon, 1869 ; La Dévotion à sainte Anne, par X. Matthieu ; Notes locales fournies par MM. Armand, curé-archiprêtre d’Apt, Barrier, vicaire-général de Chartres, et Clément, secrétaire de Mgr l’évêque de Nancy. – Cf Les gloires de sainte Anne d’Auray, par l’abbé Bernard ; Vie des Saints du diocèse de Troyes, par l’abbé Defer ; l’Hagiologie Nivernaise, par Mgr Crosnier.
Cette icône contemporaine, peinte dans le style de Novgorod, illustre le don d'amour entre les parents de la Vierge Marie. C'est l'icône de mariage traditionnellement offerte chez les chrétiens orthodoxes. Elle a été peinte par l'artiste iconographe canadien, Heiko C. Schlieper, en 1987.
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