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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 21:03

LA VIE DE L’ABBÉ PAUL BUGUET

 

Pour donner du travail à ses paroissiens, l’abbé Paul Buguet s’est fait imprimeur, remueur de terre et de pierres. Pour baliser le chemin qui va de la terre au ciel, il s’est fait missionnaire et bâtisseur. Deux œuvres nées, l’une d’une pensée sociale, l’autre d’une pensée mystique, se sont ainsi développées parallèlement.

 

Né à Bellavilliers (Orne), le 25 mars 1843, Paul-Joseph Buguet fait sa première communion en 1855 en l’église Notre-Dame de Mortagne. Il fait ses études au collège Saint-Eloi puis, à partir de 1862, au Grand Séminaire de Sées. Études et prière vont d’ailleurs constituer les deux pôles de sa vie. Le 26 mai 1866, il est ordonné prêtre par l’évêque de Sées et est d’abord nommé vicaire à Ste-Honorine-la-Chardonne (1866-1872) avant d’être nommé curé de Saires-la-Verrerie (1872-1878). Homme d’action, il lance un patronage de jeunes filles, fait construire un nouveau presbytère et ramène les habitants à l’eucharistie…

 

À 35 ans, le P. Paul Buguet est nommé à La Chapelle-Montligeon, petite bourgade au pied de la forêt de Réno-Valdieu, au flanc d’une colline. L’église du village est bien misérable ; les maisons grises, de même, ne donnent guère une impression de richesse. La population, composée de quelques cultivateurs et commerçants mais surtout de bûcherons, de charpentiers et de sabotiers, est alors de 770 habitants : elle a diminué de 300 âmes en un demi-siècle. Beaucoup partent chercher du travail en ville.

 

Toujours aussi actif, il restaure la paroisse puis le lavoir, fait construire un bassin sur la place pour l’alimentation du bourg en eau potable, projette de créer une ligne de tramway... Toutefois, deux ans avant son arrivée à La Chapelle-Montligeon, le P. Buguet avait été profondément affligé par trois décès dans sa famille. Le soir du 1er novembre 1876, son frère Auguste était écrasé par la chute de la cloche de l’église Notre Dame de Mortagne. " Et son âme ?", s’écrie alors le jeune abbé. Cet accident tragique est suivi de la mort de ses deux nièces âgées de 12 et 16 ans. " Une conséquence à tirer de ce que je viens de méditer, c’est la nécessité de soulager les âmes du Purgatoire. Je n’ai que trop tardé à réaliser l’Œuvre que j’avais projetée. Il faut que je travaille à délivrer ces âmes ", note l’abbé Buguet dans son Journal quelques mois plus tard. L’idée de créer une œuvre pour “la délivrance des âmes délaissées du Purgatoire” germe dans son esprit. Elle va devenir réalité à La Chapelle-Montligeon.

 

Un des soucis qui le hantent dès lors est de prier et faire prier pour tous les défunts, surtout " ceux pour lesquels personne ne prie ". Après plusieurs démarches, l’abbé Buguet obtient en 1884 de Mgr Trégaro, évêque de Sées, l’approbation des statuts de l’Association pour la délivrance des âmes du Purgatoire. Il devient alors, comme il le dit lui-même, le " commis-voyageur des mes du Purgatoire ", quêtant de paroisse en paroisse pour bâtir son Œuvre.

En 1887, il se lance dans une autre aventure : " Je cherchais à concilier ce double but faire prier pour les âmes délaissées et, en retour, obtenir par elles le moyen de faire vivre l’ouvrier. " Pour cela, il décide de créer une imprimerie afin de publier les bulletins de l’Œuvre. Il commence dans une petite salle du presbytère avec l’aide d’un sabotier qui se met à sa disposition pour typographier. Pendant deux ans l’imprimerie fonctionna ainsi. Mais le nombre de bulletins augmentant, il fait construire des hangars dans la cour et achète de vieilles maisons pour loger les ouvriers et les interprètes. Les commandes arrivant, en effet, de tous les coins d’Europe, il faut les traduire de l’anglais, de l’allemand ou du flamand…  En 1894, l’imprimerie abandonne hangars et vieilles maisons pour s’installer dans de nouveaux murs : elle devient " Société anonyme des établissements de La Chapelle-Montligeon ". Elle compte à cette époque 31 ouvriers. En 1887, après le premier pèlerinage organisé pour prier pour " les saintes âmes ", les pèlerins commencent à affluer de toute la France et de l’étranger . Le renom de Notre-Dame de Montligeon commence à s’étendre de par le monde.

" Nous voudrions élever, à Montligeon, une chapelle digne de notre grande et belle Œuvre où tous les jours viennent se réunir, pour monter ensemble vers Dieu, les recommandations de l’univers. ", peut-on lire en juin 1890, dans le trentième Bulletin de l’Œuvre. Très vite, pour répondre au souhait du P. Buguet, les dons affluent si bien que, le 22 septembre 1894, le premier coup de pelle est donné. Parrallèlement, l’abbé Buguet commence ses grands voyages, toujours comme missionnaire des mes du Purgatoire : Rome (1893) où il est encouragé par le pape Léon XIII, l’Europe occidentale (1895), les États-Unis (1897), l’Allemagne et l’Europe Centrale (1898), l’Espagne (1899). Il voyage. Le 4 juin 1896, la première pierre de la future basilique Notre-Dame de Montligeon est bénie. En cette même année, l’abbé Paul Buguet quitte le presbytère et vient loger avec ses collaborateurs dans un immense bâtiment en haut de l’esplanade : la Maison des Chapelains. En mai 1905, le chœur et la nef principale sont achevés. La première messe a lieu le 1er juin 1911, pour le pèlerinage annuel.  Malheureusement, du fait de la guerre, les travaux sont interrompus en 1916. Cette année-là, le Père Buguet fête son jubilé sacerdotal. Deux ans plus tard, épuisé, il meurt à Rome le 14 juin 1918. Son corps, ramené à Montligeon, repose sous la Basilique.

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