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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 22:04

Quelques minutes plus tard et pendant que les adultes chantent, les enfants s’écrient à nouveau : — V’la cor d’qué qui s’fait !... V’la cor des lettres !

— C’est un D...

Une deuxième phrase, inscrite à la suite de la première, se forme peu à peu sur la banderole : DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS

Un point doré et brillant, “gros comme un soleil”, ponctue curieusement ces sept mots.

Et puis d’autres mots se forment encore, mais cette fois sous la phrase précédente. La première lettre est un M, qui se dessine sous le E du mot ENFANT. L’une des petites voyantes suppose alors que la première phrase va de nouveau se former :

— Ê va cor écrire “Mais priez mes enfants”. Ê cré p’tét ben qu’on n’a pas pu la lire...

Mais cette fillette se trompe, car en même temps que les autres petits voyants, elle lit bientôt à haute voix :

 

MON FILS

A ces mots, des femmes s’exclament : “C’est la sainte Vierge !”. Une clameur joyeuse parcourt la petite foule. Ensuite apparaissent deux autres mots :

 

SE LAISSE

— Ça n’a pas de sens, dit sœur Vitaline, qui est la maîtresse d’école. Regardez bien, il y a sans doute : “Mon fils se lasse”.

— Mais non, ma sœur, il y a un I.

A la demande insistante des adultes, les enfants épellent plusieurs fois les lettres, mais c’est bien le mot LAISSE qui est écrit, ils en sont sûrs.

Tout à coup ils crient : — Allez donc, ça n’est pas cor fini. V’la cor des lettres !

La phrase complète devient alors : MON FILS SE LAISSE TOUCHER

Tout juste finie, elle est soulignée par un large trait doré.

— Chantez un cantique à la Vierge ! suggère le curé.

L’une des sœurs entonne “Mère de l’espérance”, chant marial écrit vingt-trois ans plus tôt à Saint-Brieuc et dont les paroles prient Marie de venir au secours de l’Eglise mais aussi du pays (ce 17 janvier 1871, les Allemands sont aux portes de Laval, ville séparée de Pontmain par seulement cinquante kilomètres).

A cet instant, l’apparition lève les mains qu’elle tenait jusque-là baissées et, tout en en souriant, agite doucement les doigts au rythme du cantique.

Cela a pour effet de déclencher une explosion de joie chez les enfants qui sautent sur place comme s’ils voulaient toucher le ciel et battent des mains en criant : “ V'là qu' è rit ! .. V'là qu' è rit !.. Oh ! Qu’ielle est belle ! Qu’ielle est belle ! ”.

Mais si certains villageois montrent de la ferveur, d’autres sont encore incrédules et font preuve d’ironie. Un homme du nom de Jean Guidecoq s’adresse au petit Eugène à peu près en ces mots : “Tu vois, toi gamin ? Et pourqué donc que je ne verrais pas moi aussi ? Si j’avais s’ment une leunette ou un mouchoué d’soie, j’verrais aussi ben qu’té ! (à cette époque on regardait les éclipses à travers la soie pour ne pas être ébloui).

On lui apporte un foulard, qu’il met naïvement devant ses yeux mais il voit encore moins bien et la foule se moque de lui.

L’apparition semble désappointée par cette diversion, et comme les enfants ajustent leur comportement sur elle, ils deviennent graves :

— V’la qu’elle tombe en tristesse !

Un crucifix rouge long d’une cinquantaine de centimètres apparaît alors devant la Vierge. Elle le tient incliné vers les enfants qui peuvent ainsi le voir de face. Ce crucifix comporte dans sa partie supérieure un écriteau blanc sur lequel est écrit JÉSUS-CHRIST en lettres rouges.

Et voilà qu’une étoile monte de dessous les pieds de la Vierge et entreprend d’allumer les quatre bougies. Le crucifix rouge disparaît et la Vierge reprend sa pose initiale, bras tendus vers le bas. Deux petites croix blanches apparaissent à ce moment, posées debout sur ses épaules.

Peu après un voile blanc monte lentement devant la Vierge, la cachant progressivement. Puis tout disparaît : l’apparition est finie. En tenant compte des nombreuses phases célestes et des petits événements secondaires terrestres qui n’ont pas été décrits ici, elle a duré en tout deux heures et demi.

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