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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 22:15

 

Epoque : née  le 23 avril 1464 à Nogent-le-Roi, morte le 4 février 1505 à Bourges

 

Titre : fille de Louis XI, roi de France, et de Charlotte de Savoie ; épouse de Louis d’Orléans (futur Louis XII) ; duchesse d’Orléans ; reine de France ; duchesse de Berry ; fondatrice de l’Annonciade religieuse.

 

Fête : 4 février.

 

        Louis XI et Charlotte de Savoie font un pèlerinage à Chartres pour implorer la Vierge de leur donner un fils (trois enfants sont morts n bas âge, il ne leur reste qu’une fille : Anne). Or, c’est une fille fragile qui naît. Le roi est déçu, le baptême de la malvenue se célèbre sans rancune réjouissance. Elle porte le prénom de Jeanne.

        Peu de jours après sa naissance, Louis XI la promet à  son cousin Louis d’Orléans.

        Dès que Jeanne a cinq ans Louis XI décide de l’éloigner de la cour et la confie aux seigneurs de Lignières, en Berry, Jeanne reçoit une bonne éducation chrétienne. Son visage pâle, ses yeux verts limpides, ses cheveux blonds, ses membres grêles et mal proportionnés, son dos voûté lui donnent un aspect disgracieux et fragile. Séparée de sa mère, durement repoussée par son père, oubliée de ses proches, l’enfant a une sensibilité fine, aimante ; elle ne se plaint pas, offrant à Dieu toutes ses peines et ses sacrifices. Louis XI lui interdit les longues prières.

        Un jour, prosternée dans la chapelle, Jeanne supplie Marie de daigner lui montrer comment elle pourra le mieux la servir et lui plaire. Alors, au fond de son âme, une voix mystérieuse fait entendre ces paroles : « Ma chère fille, avant de mourir, tu fonderas un ordre en mon honneur et ce sera le plus grand plaisir que tu puisses faire à mon Fils et à moi. »

        Louis XI l’autorise à prendre à l’âge de sept ans un confesseur. Elle consulte sa Mère du Ciel, et choisit le Père de La Fontaine, supérieur des franciscains d’Amboise.

        En 1471, le dauphin, futur Charles VIII, naît. De grandes fêtes ont lieu. Jeanne n’a pas le droit d’y participer.

        Jeanne ne grandit guère, sa taille reste contrefaite ; ses hanches inégales rendent sa marche difficile et sa santé demeure faible. Jeanne place son cœur plus haut que la terre. Elle souhaite entrer dans un monastère. Elle s’en confie même à la reine Marguerite d’Anjou qui le rapporte à Louis XI. Celui-ci est fort mécontent.

        Malgré l’infirmité de sa fille et des difficultés de tout genre Louis XI souhaite que le mariage promis se réalise : « Que ceux qui iraient contre ce mariage ne soient jamais assurés de leur vie en royaume. » Les répugnances extrêmes de Louis d’Orléans sont vaincus par les menacent du roi : « S’il n’obéissait pas aux ordres du roi, il seraient cousu en un sac et jeté dans une rivière où jamais plus on n’entendrait parler de lui ! » Louis XI en parle à sa fille. Jeanne ose arguer qu’elle souhaite se donner à Dieu. Le roi brusquement lui déclare : « Vous épouserez le prince que je vous destine, je le veux, vous m’entendez, pas de réplique. » Quand la duchesse Marie de Clèves, mère du futur époux, se rend à Lignières pour voir Jeanne et rencontre une fille bossue et chétive, elle dira : « Ah ! faut-il que mon fils ait une femme aussi difforme ! » Quant à Louis d’Orléans, chaque fois qu’on lui parle de ce mariage, il sort pour pleurer et on l’entend murmurer : « J’aimerais mieux être mort. »

        Cependant le roi fait rédiger le contrat et ordonne que la cérémonie soit célébrée le 8 septembre 1476, dans la chapelle du château de Montrichard ;

        Jeanne ignore la violence faite à son futur. Elle commence à le comprendre lorsque son mari, après les noces, ne mange pas et fond en larmes à tout instant. La mariée à douze ans, le marié quatorze. Le duc d’Orléans conduit son épouse à Blois, puis la renvoie à Lignières.

        Personne ne comprend l’âme de Jeanne, ses grandes qualités ce cœur, sauf le baron et la baronne, ses parents adoptifs.

        Deux ou trois fois par l’an, sur ordre de Louis XI, Louis d’Orléans se rend à Lignières pour voir Jeanne. Il ne lui dit mot, ne lui fait pas de sourire. Jeanne continue de souffrir sans se plaindre, priant, pardonnant, restant douce et patiente.

        Le 30 août 1483, Louis XI meurt. Jeanne se rapproche de sa mère, qui meurt à son tour. Jeanne se retrouve alors d’autant plus seule que la baronne aussi est morte quelque temps auparavant.

        Anne de Beaujeu gouverne la France. Louis d’Orléans s’allie au duc de Bretagne pour s’opposer au gouvernement d’Anne. Il est fait prisonnier et enfermé à Lusignan. Jeanne accourt, se dévoue pour lui mais elle est mal reçue. Elle vend sa vaisselle d’argent, ses bijoux et lui en envoie le prix. Louis d’Orléans est conduit à la grosse tour de Bourges. Jeanne obtient de partager le cachot de son mari. Elle multiplie lettres et démarches auprès d’Anne de Beaujeu, et Charles VIII finit par lui accorder la libération du duc. Dorénavant le duc reste fidèle au roi, et se couvre de gloire à ses côtés durant la campagne d’Italie.

        Le 7 avril 1498, Charles VIII meurt accidentellement. La couronne revient à Louis d’Orléans, qui devient Louis XII. Jeanne devient reine de France. Sa couronne royale sera une couronne d’épines. En effet, Louis XII demande l’annulation de son mariage, au motif de la violence de Louis XI. La reine abandonnée de tous, soutient ses droits. Le pape Alexandre VI, ratifie la décision du tribunal ecclésiastique annulant le mariage pour non-liberté de consentement.

        Jeanne l’apprend : « S’il en est ainsi, Dieu soit béni ! Je sais qu’il permet cet événement pour me détacher davantage du monde et me donner le moyen de le mieux servir que je ne l’ai fait jusqu’à ce jour. » Au même instant, la foule s’émeut et s’attriste pour cette reine aimée pour ses vertus et sa charité. Un orage éclate avec violence, le tonnerre ébranle l’église Saint-Denis et la sentence doit être lue avec des torches, tellement l’obscurité devient profonde.

        Le roi lui donne le duché de Berry, des terres et des revenus. Jeanne s’adresse à lui : « Je vous dois une grande reconnaissance, puisque vous me retirez de la servitude du siècle. Pardonnez-moi mes torts ; désormais ma vie se passera à prier pour vous et pour la France. »

        La manière si sage dont elle administre son duché et y rend la justice lui vaut d’être appelée la bonne duchesse. Le parfum de la sainteté semble pénétrer tous ceux qui l’approchent. Ses vêtements sont simples, sa table frugale. Lui sert-on un plat trop recherché, elle commande qu’on le porte aux pauvres.

        Jeanne passe de longues heures en pièces, parfois même toute une partie de la nuit. Elle jeûne souvent, s’inflige de dures pénitences. Elle fait élever dans son parc un calvaire pour y méditer, se frappe la poitrine avec une pierre et répond un torrent de larmes à la pensée de ses péchés et des souffrances du Christ. La bonne duchesse prend du temps pour les pauvres, les malades, toutes les misères cachées, et l’éducation chrétienne des jeunes.

        En l’année 1499, la peste éclate dans la ville de Bourges. Jeanne prodigue ses soins, soutenant par son exemple ceux qui appliquent les onguents avec elle ; les pauvres gens assurent que le simple toucher de leur souveraine les guérit plus efficacement que les savants remèdes. Comprenant la vraie charité, Jeanne s’occupe aussi des âmes, les aidant à se réconcilier avec Dieu.

        Bourges devient la ville la plus chrétienne du royaume ; les plaisirs et la paresse disparaissent.

        Elle propose au Père Gabriel Marie de l’aider à fonder un ordre. Ce confesseur l’en dissuade. Elle en tombe malade, et lui avoue qu’elle veut réaliser ce que la Sainte Vierge lui a prédit. Le prêtre l’aide.

        Pour la règle, la Mère du ciel avait précisé : « Fais mettre en une tout ce que tu trouveras écrit de moi dans l’Evangile et soumets-la à l’approbation du Saint-Siège. Ce sera pour toutes les âmes qui s’appliqueront à la pratiquer, le plus sûr moyen de plaire à mon Fils et à moi. » A travers les pages de l’Evangile, on releva dix vertus de marie. Jeanne choisit le mystère de l’Annonciation. Par deux fois Rome refuse ; on supplie Marie de prendre les choses en mains. Le cardinal le plus hostile au projet reçoit la visite de la Sainte Vierge. Le pape Alexandre VI approuve l’ordre en 1504. Jeanne guérit une novice en appliquant la bulle d’approbation sur les lèvres de la mourante.

        Elle s’occupe de la construction du couvent, ne cesse de répéter aux sœurs : « Aimez-vous les unes les autres ! » Elle revêt l’habit qu’elle a choisi, composé d’une robe couleur de cendres, symbole de pénitence, d’un scapulaire écarlate en souvenir du sang de la Passion, et d’un manteau blanc rappelant la pureté et la charité. Au cou, elle porte un ruban bleu et la médaille de la Vierge. Jeanne prononce ses vœux, mais continue de gouverner son duché ;

        Elle compose un petit chapelet de dix grains en l’honneur des dix vertus de la Vierge et fonde « l’Ordre de la Paix » approuvé par le pape. Absorbée dans ses méditations, elle passe des journées sans manger, ni boire.

        Au moment de sa mort, les chroniqueurs rapportent qu’une comète apparaît au-dessus du palais des ducs de Berry. On trouve son corps couvert d’un rude cilice, une chaîne de fer sur les reins. Bientôt près du tombeau, guérisons, conversions, grâces se multiplient.

En 15662, les Huguenots retrouvent son corps sans marque de corruption, le dépècent et le brûlent.

Jeanne de France sera béatifiée par Benoît XV en 1742. Pie XII la canonise le 28 mai 1950. Sa vie est semée d’épreuves, sa difformité est sa raison d’amour. Elle est un modèle de patience et de paix.

        La Révolution disperse les quarante couvents des Annonciades en France. Cet ordre a rencontré beaucoup de difficultés mais reprend de l’envergure depuis une vingtaine d’années. La maison mère se situe à Thiais, en banlieue parisienne.

Les Saints de souches royales d’Etienne Lelièvre Le Sarment. Fayard

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